Ce n'est aucunement de l'humour mon cher frere ,je sais que c'est incroyable mais c'est bien vrai.
Réveil des vieux démons séparatistes à Lubumbashi
(Le Révélateur 08/07/2008)
Un mois et demi après la signature par le maire de Lubumbashi, Floribert Kaseba Makunko, de deux arrêtés réglementant le mouvement des populations étrangère et congolaise dans la capitale du cuivre, aucune réaction n’a été enregistrée ni du côté des autorités du pouvoir central, en l’occurrence le ministère de l’Intérieur, ni du côté des autorités urbaines du Katanga. Est-ce un aveu d’une complicité tacite ou une preuve de plus de l’absence de l’autorité de l’Etat dans le pays ?
D’ores et déjà, des voix autres que celles des autorités politiques du pays se font entendre pour fustiger ces arrêtés pris en violation flagrante de la constitution. Précisément l’article 30-1 relative à la liberté d’établissement qui stipule : ‘‘toute personne qui se trouve sur le territoire national a le droit d’y circuler librement, d’y fixer sa résidence, de le quitter et d’y revenir dans les conditions fixées par la loi’’.
Ces arrêtés violent également l’article 32 de la Constitution aux termes duquel: ‘‘Tout étranger qui se trouve sur le territoire national jouit de la protection accordée aux personnes et à leurs biens dans les conditions déterminées par les traités et les lois’’. Le maire de Lubumbashi ne s’est pas non plus empêché d’ignorer la loi sur le statut et la police des étrangers qui relève exclusivement des attributions du pouvoir législatif central (article 202, 3 de la Constitution).
De quoi s’agit-il
Sous prétexte de prévenir des ‘‘conséquences sur le plan sécuritaire, administratif et socio-économique’’ que pourrait engendrer l’importante migration des populations dans la ville de Lubumbashi, le maire Floribert Kaseba oblige à tout congolais non originaire de la province du Katanga de signaler son séjour dans la ville de Lubumbashi auprès du bureau de la population de la commune de sa résidence dans un délai de trois jours. Cette déclaration est constatée par une attestation de séjour qui renseigne sur l’identité complète du visiteur et de la famille d’accueil, le lieu de la provenance, la durée et le motif, la date d’arrivée et de retour.
Le séjour à Lubumbashi est limité à un mois, au-delà de ce laps de temps, le visiteur est tenu de solliciter préalablement une autorisation de prolongation auprès de l’autorité municipale. Cette prolongation est subordonnée à la justification de ses moyens de subsistance et des moyens de subsistance de la famille d’accueil. Les enfants mineurs non accompagnés sont interdits de séjour. Le non respect de cette disposition occasionne le retour immédiat de ces enfants par le même moyen de transport vers leur lieu de provenance. Et, ce aux frais du transporteur.
Pour freiner ‘‘l’explosion des mouvements de la population étrangère dans la ville de Lubumbashi’’, le maire de cette ville conditionne toute entrée d’un étranger à la présentation d’un visa authentique auprès du service d’immigration. Le séjour dans la ville est autorisé après déclaration auprès du bureau de la population de la commune de résidence dans les trois jours et après obtention d’une carte de séjour temporaire. La prolongation du séjour au-delà d’une durée d’un mois obéit à la même procédure que celle imposée aux nationaux, à la seule différence qu’ici il y a implication du chef d’antenne d’immigration.
Un passé sécessionniste
Les arrêtés du maire de Lubumbashi sont de nature à réveiller les vieux démons des différentes sécessions qu’a connues la province du Katanga. Aussi le silence du gouverneur Moïse Katumbi et du président de l’Assemblée provinciale Gabriel Kyungu wa Kumwanza trahirait-il des élans séparatistes des autorités de cette province. Moïse Tshombe qui s’était autoproclamé en juillet 1960 président du Katanga, après avoir fait sécession du gouvernement de Lumumba et déclaré l’indépendance du Katanga, était animé des mêmes motivations : ne pas faire profiter au reste du Congo des ressources et des revenus du Katanga. Province au sous sol riche, doté des gisements d’or, d’étain, de diamant, de manganèse et de cuivre.
Mais aussi de l’uranium. Grâce au développement minier, beaucoup d’habitants du Kasaï (notamment les Balubas) sont venus s’installer au Katanga afin de gagner de l’argent. Cependant, l’ardeur au travail et l’efficacité de ces nouveaux arrivants finirent par énerver les Katangais, parce que les ‘‘étrangers’’ arrivaient à se procurer tous les bons postes. De plus, ils étaient mieux organisés et ont gagnés les élections de 1957, bien que moins nombreux.
C’est en 1993 que Gabriel Kyungu wa Kumwanza, alors gouverneur du Shaba (ancienne appellation de la province sous Mobutu et qui signifie cuivre en swahili), aura raison de ces Kasaïens en organisant une sorte d’épuration ethnique de cette province à la suite des affrontements survenus entre les luba du Kasai et les luba du Katanga à la suite de l’élection d’Etienne Tshisekedi comme premier ministre par la conférence nationale souveraine. Cette épuration ethnique a provoqué des déplacements massifs des Kasaiens et la perte de leurs emplois. Pendant une longue période, les deux communautés sont demeurées dans un antagonisme qui fût fustigé par la société civile et notamment la Conférence épiscopale de l’église catholique du Katanga.
FM
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