Pinto a écrit :Quand l'ancien (je ne sais si c'est toujours le même) président de FC Brussels a demandé à Roum de monter dans l'arbre et d'aller manger des bananes, nous avons vu des propos racistes mais Mayloshi y a vu autre chose. Sans doute pour des raisons de nous empêcher d'analyser si facilement, pour nous demander de creuser davantage.
Dans la discussion qui nous occupe ici, Mayloshi y voit autre chose que la discrimination.
Attention avec les procès d'intention ou la subjectivité. Il y a risque que tu ne comprennes même plus mon avis parce que dans le passé j'avais dit ceci ou cela. Pour être franc, je ne vois vraiment pas les choses du même oeil que plusieurs ici. Ce n'est pas pour vous embeter, pour créer des polémiques inutiles, mais honnêtement je ne vois pas la même chose que vous. Je trouve que nous tombons dans la facilité en cherchant à condamner ces propos. Est ce parce que la situation actuelle (la France forme les joueurs, l'Afrique les utilise et n'aura au final dépensé QUE pour les PTA) nous arrange au plus haut point? Eh bien si c'est le cas, dis - moi quel est rôle principal d'une fédération sportive, d'un ministère de sports ou d'une direction technique nationale sportive. Oui tu me diras "Dans la théorie, tu as raison, mais pas dans la pratique". Analysons l'histoire: Il y a 20 ans, combien de joueurs formés en France optaient pour d'autres sélections? Compte depuis l'époque jusqu'à maintenant, et constates qu'il y a une forte augmentation. Que se passera t il dans 10 ans par exemple? Pourquoi on ne reflechit pas ici en terme de batir nos propres centres de formation, comme ça au moins ce débat n'aura pas lieu? C'est quoi qui dérange? Parce qu'on veut nous empecher de profiter encore de cette manne gratuite?
Pinto a écrit :Que dire?
J'ai appris quelque chose durant mes six années de séjour en Afrique du Sud: l'attitude raciste se trouve dans les propos historiques, dans l'attitude corporelle, dans le jugement et surtout dans la discrimination. En outre, elle est devenue si subtile qu'on peut passer à côté si on n'est très prudent.
Quand quelqu'un dit monte dans l'arbre et bouffe de la banane, on a assez de références historiques pour conclure que c'est du pur racisme dans les propos. Les écrits ethnographiques des explorateurs européens nous renseignent que pour ces écrivains l'homme noir dort dans l'arbre et qu'il est très proche du singe dont on sait qu'il aime les bananes.
Je vois bien que tu es convaincu que je n'ai aucune idée de ce qu'est le racisme, il n'y a pas de problème, je te le concède, c'est inutile pour moi de discuter sur ça parce que j'ai mes expériences, et je m'appuies sur mes expériences. Un de mes anciens professeurs mentionne toujours quelque chose: Le jour où l'homme noir comprendra que son problème principal est l'homme noir, eh bien c'est ce jour - là que les choses vont changer. Comment voulez - vous qu'on nous respecte si nous - même nous ne battons pas pour devenir indépendants? Dis moi, est ce qu'on nous empeche de créer nos propres centres de formation? Est ce que nous manquerons d'encadreurs si nous en créons? (combien d'anciens professionnels avons - nous? Combien d'anciens joueurs de qualité avons nous?) Est ce que si nous faisons cela, nous serons dérangés de ne plus voir de joueurs congolais en provenance d'Europe? Tu dois surement connaitre mon employeur pour avoir entendu parler de lui (Kamoto Copper COmpany), et je n'ose pas te décrire le climat discriminatoire et raciste que nous vivons ici (dans notre propre pays en plus). A titre d'exemple, le salaire d'un blanc moyen ici est 10 fois plus élevé que celui d'un Cadre noir. Notre ancien président de la délégation syndicale a tenté de combattre cela, mais quelques temps après, il a frolé la mort et a subi une agression. Ce sont les blancs qui l'ont agressé, eux ne connaissant même pas bien la ville de Kolwezi? Tu me parles de l'histoire, ok parlons de l'histoire. Dans le commerce triangulaire, qui vendaient les jeunes noirs aux blancs?
Pinto a écrit :Laurent Blanc dit qu'il est consterné par le problème de binationaux. Ce qui est vrai mais il s'y prend mal. Quand on fait l'apologie du football aux anciens footballeurs, on risque de faire entrer dans l'administration des gens qui n'ont dans leur tête que le jeu mais qui sont nuls dans la gestion et ne peuvent faire progresser le jeu. LOLO EN EST un exemple. C'était une parenthèse. J'apprécie leur projet comme du racisme. Ils le disent eux-mêmes: "on le fait mais il ne faut pas que ce soit dit". Pourquoi ont-ils eu peur que cela soit dit si vraiment leur projet n'est pas du racisme. C'est quoi le racisme? C'est la discrimination fondée sur la couleur de la peau. Remarquons qu'ils ont moins insisté sur les critères à mettre en place que sur les quotas. 30% seulement des Noirs et des Arabes.
On discrimine pour donner de la chance à un groupe et amoindrir un autre. Tu es Noir donc incapable d'étudier des maths, donc tu ne peux entreprendre des études scientifiques rigoureuses. Tu es bon pour le théâtre et la musique, disait le Blanc sudaf au Noir.
Comme tous ceux qui semblent avoir compris (à mon humble avis) pourquoi cette affaire vire au scandale, je répond ainsi:
Laurent Blanc est victime de ses propos, il n'en a pas mesuré l'ampleur. Mais le fond est correct. Et puis, j'ai comme l'impression, en lisant tout le monde ici, que le racisme c'est seulement quand l'homme blanc s'attaque à l'homme noir. L'inverse aussi l'est. Pourquoi ils ne veulent pas que ce soit dit, parce que voilà le résultat maintenant que tout le monde est au courant. C'est tellement un terrain glissant ce sujet, que tout le monde crie très vite au scandale et se penche sur le fait qu'on ait parlé de 30% de noir ou d'Arabes. Pourtant les doubles-nationalités sont nombreuses. Seulement, les noirs et les arabes se tapent la part du lion. Et puis, si Thuram LUI - MEME dit qu'il ne pense pas que Blanc est raciste, lui qui a joué et vécu longtemps avec Blanc, Pourquoi VOUS vous direz le contraire? J'ai compris, ce sujet est encore plus tabou que de parler de sexe, mais JAMAIS on ne comprendra que la faute est surtout au noir qui fait fuir son frère noir de son pays pour que ce dernier aille vivre en Europe, et cette faute doit être corrigée en priorité. Mettez - vous à la place de la FFF, vous trouvez donc normal qu'un pays forme des joueurs, les prépare à être internationaux dans les équipes d'âge, mais que 45% d'entre eux jouent pour d'autres pays au final? que si 12 jouent pour la France, 20 jouent pour d'autres pays? On peut comprendre que ce soit 10%, 15%, mais 45% c'est normal? Si ceci me dérange, c'est parce qu'un jour, ce n'est pas dans les coulisses de la DTN que ces discussions auront lieu, mais plutôt dans les coulisses de la FIFA entre ces pays et des membres de la FIFA, et là, dites - vous que ce sera la fin. C'est comme si un monsieur avait adopté mes enfants, les a élevé, nourris, leur a donné l'instruction, puis quand ils ont 21 ans, je surgis et réclame mes enfants parce que j'en suis le père biologique.
Pinto a écrit :Il est difficile d'apprécier ce débat français à sa juste valeur quand on manque d'expérience vécue de la société française. on essaie de comprendre à partir de sa propre expérience et quand on n'en a pas suffisamment, le jugement émis peut être naïf. Je me souviens dans un échange entre un prêtre jésuite belge flamand et un groupe de Congolais dont je faisais partie. Il nous entretenait sur le choix de bcp d'Européens pour les réligions orientales. A la fin, il nous dit:"vous ne comprenez rien". Il nous l'a dit sans nous insulter mais pour nous dire qu'il est des dynamiques de cette société que vous ignorez et donc qui ne permettent pas que vous compreniez comme il convient.
Tu as raison, et c'est valable pour tout le monde. Ce n'est pas pcq moi je trouve qu'il ne faille pas se focaliser sur l'aspect discriminatoire de la chose que MOI j'ai un avis plus biaisé que d'autres ici.
Pinto a écrit :Quand on pose la question à Lolo, si tu n'étais pas en EDF, qu'aurais-tu fait? Il dit le problème ne se pose pas pcq je suis Français (de souche, je n'ai qu'une seule nationalité). Sa réponse est correcte avec sa vision mais il a esquivé. En fait, on lui demandait s'il avait la possibilité de jouer pour un autre pays, qu'aurait-il fait? Et là l'argument humain sorti. Si un gars a envie d'être international et que l'EDF ne le prend pas, que va-t-il faire? Pour Lolo, il doit rester là et attendre. C'est alors qu'Erick Ross parle d'égoïsme. Tout pour eux et rien pour nous.
J'aurais parlé d'égoisme s'ils avaient pris un joueur formé en Afrique dans l'équipe de France. Donc egoisme pour moi ce sont les cas Higuain et Enzo Zidane. Mais ça fait combien? Quel est le taux des joueurs non formés en France que la France a voulu prendre dans les A? Encore là, remarques bien que presque tous ceux qui sont dans cette catégorie - là ont un point commun: Avoir un parent ancien footballeur français. Comme il l'a dit dans leur conversation, il y a un problème d'état d'esprit à revoir. Le foot en équipe nationale commence à prendre une dimension plus commerciale que patriotique. Un joueur joue pour une sélection nationale plus pour son progrès personnel (un international n'a plus la même valeur qu'un autre) que pour le progrès de sa nation. Ce n'est pas, pour moi, recommandable qu'un joueur hesite entre 2 sélections. C'est - à - dire qu'il peut un jour lui arriver de regretter de n'avoir pas choisi l'autre sélection, et cette attitude là ne profitera pas a son actuelle équipe nationale en temps de crise.
Pinto a écrit :Le foot français perd-t-il vraiment parce qu'un jeune d'origine africaine a choisi son pays d'origine?
Qu'a perdu la France de voir qu'herita Ilunga joue pour la RDC?
Si ces jeunes d'origine rentraient en Afrique pour jouer surtout dans nos clubs? Avec ces arguments, on voit qu'il est encore difficile pour un pays africain de gagner une coupe du monde.
Le foot français perd parce qu'à quoi alors ça aura servi à la france de le former? Et puis le cas Herita tu le prends isolé. Considères que c'est des dizaines de joueurs qui partent. Peut être dans leurs U-20 la moitié ne jouera pas pour la France. C'est normal qu'à un moment donné un ancien joueur des équipes nationales des jeunes ne soit pas sélectionnable, mais il peut éclore à tout moment, et là, la France l'aura perdu.
La solution n'est pas de demander à ces jeunes de rentrer MAINTENANT en Afrique, mais de préparer en Afrique des infrastructures sportives pour former des jeunes. Tous les continents sauf l'Afrique noire y arrivent. Certains pays de l'Afrique noire y arrivent maintenant: Cote d'Ivoire, Ghana, Nigeria, dans une moindre mesure le Cameroun... et les résultats sont là. On peut bien former en Afrique et transférer le joueur en Europe. Je préfère en tout cas ce scénario, moi. Si sur 23 joueurs j'en repeche 3 formés en Europe (cad arrivés la bas en bas âge, a shooté pour la premiere fois au ballon la bas), celui qui resoulevera ce débat aura donc tort. Mais si j'en repeche 11 comme l'Algérie, bon là où sont les mérites sportifs de la fédé algérienne? L'équipe nationale se doit d'être la vitrine du foot national!
Pinto a écrit :Les meilleurs choisissent l'EDF. Sur ce plan-là, les sélections africaines sont incapables de rivaliser avec l'EDF.
Non, pas vraiment! Si à 21 ans ou 22 ans, Le meilleur entre Saviola et Zizou, c'est Saviola, est ce que ce sera forcément la MEME CHOSE à 26 ans? Un joueur progresse, la progression de chacun est de plusieurs manières et est dû à plusieurs facteurs. Donc le jeune Moussa Sow peut ne pas être le meilleur avant centre de France en 2009, puis le devenir 2 ans plus tard. On me dira que c'est grâce à son expérience internationale, ok, parlons -en: Quelle est son expérience internationale? Même pas une année. Même pas 10 matches. Et vous pensez que sa progression il la doit principalement à l'équipe nationale? Il la doit principalement à ce bon joueur caché en lui qui allait s'exterioriser n'importe quand. Soit à partir des lions de la teranga, soit à partir d'une saison durant laquelle son équipe Lille allait être en excellente forme et dans un excellent climat. C'est ça le foot. Tout le monde n'est pas appelé à exploser au même moment.
Pinto a écrit :Quand un Lolo dit:"Les Espagnols m'ont dit, nous on n'a pas de problèmes pcq les blacks on n'en a pas". Analysez cette phrase et dites-moi si ce n'est pas raciste. Mettez cela dans le contexte congolais. Un Katangais qui pose la question à un Kivutien:"les Kivutiens m'ont dit, nous, on n'a pas de problème pcq les Kasaïens on n'en a pas dans nos entreprises". Ou un Ne-kongo dire à "Mungala":nous on n'a pas de problème pcq on n'a pas de Katangais dans notre province".
Sportivement, qu'on le veuille ou non, le black est DIFFERENT du blanc. La force physique de l'homme noir est plus impressionnante que celle de l'homme blanc. Le black peut devenir autant, voire plus, intelligent que l'homme blanc, mais ses qualités physiques font que tout le monde ou presque s'y interesse plus. Meme dans nos villages, on a plus besoin des gens pour le champs, pour défendre le village, pour la protection... que pour des réflexions réservées aux plus âgés qui n'ont plus assez de force. Sans me mettre à spéculer comme vous sur les intentions réelles de Lolo, ses propos sont clairs: Les noirs sont costauds et physiques. Je me rappelle que quand on recrutait dans notre équipe de foot, on disait aux minces, chétifs et non endurants: "Vous n'êtes pas aptes à jouer ici". Certains étaient pourtant pourvus d'un bon toucher de balle, mais pourtant on leur dira "a una na rihungu ya futubolo". Arigo Sacchi se bat d'ailleurs en Italie depuis quelques temps. Il veut que les jeunes aient le reflexe d'effacer des adversaires sur le terrain, plutot que celui de se replacer. Blanc veut de la diversité, si je ne me base que sur ses dires. Il veut aussi des joueurs techniques, qui usent de leur tête parce que c'est leur meilleur atout, vu qu'ils ne sont pas physiques. Qu'on le veuille ou non, être black est physiologiquement différent d'être blanc. Mais cette différence ne fait pas de moi un être inférieur à l'homme blanc. ça fait une diversité. C'est comme dans ton exemple sur les ethnies. Les ethnies nous distinguent tous ici. Il peut y avoir des réalités qu'un katangais connait mais qu'un mukongo ne connait pas, et vice versa. Si j'ouvre une entreprise de construction, mes ingénieurs j'irai plus les chercher à Kin qu'à Lubum, parce que c'est là qu'on les forme. S'ils sont majoritairement bakongo, bon, ce sont donc dans ce contexte - là les bakongo que je vais recruter.