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Publié par
Jean Mohamed De la Bastille
post non vérifié par la rédaction
La France, je l'aime donc je la quitte...
05/05/2011 à 04h35 - mis à jour le 05/05/2011 à 13h06 | 922 vues | 1 réactions
La France je l'aime donc je la quitte...
C'est malheureusement la seule posture qu'il me convient d'adopter face à l'évolution des humeurs qui s'érigent en valeurs de notre société.
Je suis Jean Mohamed De la bastille, un anonyme fils d'immigré. Mon grand père fut invité à venir travailler dans les mines de ce pays qui aujourd'hui discute de la bienvenue de sa descendance.
Bien sur, ce n'était point là une ruée vers l'or, non, tout au plus une fuite vers un peu de liberté, un toit et de quoi manger...On lui fit grâce d'une concession sur laquelle il eu vite fait de construire un de ces baraquements très à la mode à l'époque chez la main d'œuvre bon marché venue de l'autre rive. Zélé, il s'improvise aussi DRH et fait ainsi croître rapidement la ville bidon, promettant aux siens qu'il accueille et fait venir par charter, des lendemains meilleurs, qu'un jour, ici, il seront "iciens"...
Quelques années plus tard, 20 ans précisément, je nais dans une famille pauvre mais valeureuse, le cœur à l'ouvrage. J'ai d'abord grandi dans un jolie "une pièce" avec me 5 frères et mes deux parents. Vers mes 5 ans, mes parents réussissent à prendre l'ascenseur, engin assez complexe pour des pauvres, immigrés de surcroît. C'est qu’on n’est pas très futé, sinon on ne serait pas pauvres, ni immigrés d'ailleurs. Nous avions accès à un vrai logement... L'innocence est parfois la plus belle marque d'intelligence. Moi, gamin apeuré jusque là, chétif par prématuration, peureux par peur, je ne goûtai guère à ce progrès social. Notre débarquement dans ce quartier qui ressemblait clairement à une batterie pour bestiaux indésirables n'avait point fait illusion à mes yeux .
Très vite, je m'adaptai à mon nouveau milieu : je me battais quotidiennement, je jouais au petit caïd, je jouais au foot tous les jours et feignais d'écouter du rap. Au fond de moi survivais l'enfant sensible et rêveur...mais quand tu t'appelle Mohamed, que tu as 12 ans, que tu es pauvre, nier l'évidence de la communauté distincte que tu constitues avec tes cons générés est difficile. Cette évidence induit aussi que tu sois Musulman comme tout le monde... Tu n'es pas français, tu es arabe. Bien sur, tu n'écoutera pas de la musique de bourges (synonyme de blanc), de la variété, tu écoutera du rap et du funk, tu n'aimera pas les juifs, ni les homosexuels parce que c'est comme ça, on n'aime pas les juifs et les homosexuels par tradition au quartier. De toute façon, l'estime ne peut être méritée que par un musulman. Choisis ton camp !
Malheureusement, j'étais un peu précoce et déjà vers l'âge de sept ou huit ans, je savais que je ne croyais pas en dieu. A douze ans, je m'intéressais à l'évolution, à Darwin et à l'origine des hommes. J'adorais Jacques Brel comme d'ailleurs beaucoup de mes aïeux... La poésie a cela de merveilleux, elle survole les frontières… quand celle-ci ne sont que géographiques.
Allélouia, mes parents ont retrouvé le chemin de l'ascenseur, ils achètent une maison dans une banlieue résidentielle, petite ville encore rurale mais tournée vers la modernité. A cette époque je suis alors en pleine adolescence et ce nouveau milieu est le bienvenu, lui, car mes hormones commencent à s'exprimer et des élans de romantisme, de sensibilités bien françaises, s'emparent de mon corps et de mon cœur. Hormis une petite cité dortoir que je ne pu éviter du fait de deux centres d'intérêts inévitablement convergents, le sport et l'école, j'avais comme horizon un paquet de possibilités sociales nouvelles. Et là, au milieu, se trouvait la douceur qui allait cautérisé mes plaies...Car bien sur, animal politique depuis tout le temps, la politique étant tombé dans la marmite vide qui nous nourrissait, il était temps pour moi de revendiquer mon appartenance à la France et la plus grande de mes conquêtes s'appellerait Marianne, France ou même Marie...
Je dus vite déchanter car quand on s'appelle Mohamed, qu'on a 15 ans et qu'on a quelques manières des cités, il est difficile de nier l'évidence de la distinction qui discrimine d'une petite tête blonde qui s'appelle Louis, Franz ou même Joseph...Disons que les héros dans les films, les princes charmants, les patrons, les chefs et tout ce qui peut représenter le beau et le sublime ne ressemble pas à quelqu’un qui se nomme Mohamed. Non ça, c'est plutôt le prénom du méchant, de l'hideux,le petit dealer, le voleur à la tire...
J'acceptai le rôle du bon petite arabe de service, celui qui est pas comme les autres, le bon petit beurre, celui qui mange du porc, qui s'intègre, celui qui choisis le bon camp !
Contraints de choisir un camp. A l'ignorance, on adjoint l'intolérance. Aujourd'hui, cette logique est poussée à l'extrême, c'est devenue l'ambiance générale dans notre pourtant pays laïque.C'est à cela que vous nous avez amené Messieurs les carriéristes, affairistes et autres populistes. A tel point que l'on ne sait plus ce que l'on peut dire ou ne pas dire.
Alors permettez-moi de ne point accepter votre Kabbale de tartuffes envers des représentants d'un jeu qui pour le coup donne une leçon de tolérance à l'humanité depuis longtemps déjà.
Laurent Blanc et l'encadrement de la FFF ne sont pas racistes. D''ailleurs qui a initié ce débat, d'où l'idée vient-elle ? Depuis la dernière coupe du monde, le gouvernement est beaucoup intervenu dans les instances du football, ce même gouvernement qui aime tant le débat, sans tabou bien sur.
Toucher au football démontre au moins la profondeur intellectuelle et morale de votre démarche idéologique qui n'est qu'inversement proportionnelle à celle du gouffre dans lequel vous plongez en tentant d'y précipiter le peuple français.
Le foot ne demande pas en effet d'être un grand théoricien et Monsieur Blanc m'en excusera mais si il a été un grand joueur et un bon entraineur, je ne le considère ni comme un penseur, ni comme un philosophe et ni plus comme un dirigeant politique.
Quant à vous, je sais que vous ne respectez aucun symbole si celui-ci ne frappe aucun métal : totalement conscient de l'inutilité et de l'inconséquence de cette institution qu'est devenu le football, La coupe du monde 1998 avait réussit à me faire sourire, à me faire rêver à une France vraiment laïque, tolérante, culturelle, je me prenais à rêver d'égalité, de black, de beurre à l'assemblée...La question n'est-elle d'ailleurs pas celle-là finalement : n'y a-t-il pas trop d’hommes de couleur blanche à l'assemblée ? Pourquoi y a-t-il tant de gens de couleur dans le sport et si peu dans les différentes instances qui peuplent la démocratie à la française ? Suis-je bête, on ne peut pas être grand, fort et en plus intelligent. Faut bien choisir son camp !
Laurent Blanc n'est pas raciste : on ne peut pas créer la meilleure défense du monde avec deux potes black quand on n'est pas sincèrement amis et respectueux !
Non, Laurent Blanc n'est pas raciste, il est simplement au diapason de l'ambiance générale et de ces débats que certains s'empressent de représenter pour porter tout haut la voie des piliers de bars et des stades de foot... La France, je l'aime donc je vais la quitter car justement je ne souhaite pas participer à cette ambiance nauséadonde et, qui sait, avoir à choisir un camp !