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Interview Otis N'Goma avant finale

Posté : 10 nov. 2009, 12:52
par Martin Enyimo
Je vous laisse cette interview d'Otis N'Goma parue dans le journal Le Potentiel de Kinshasa, quelques heures avant la finale retour entre Mazembe et Heartland. Remarquez la pertinence de l'analyse de ce technicien congolais du football !

Finale retour - Ligue des champions d’Afrique Mazembe - Heartland
Otis N’Goma : « C’est la qualité du jeu et la détermination qui amèneront le résultat »
Par Martin Enyimo




Technicien du football, ancien entraîneur de Cambrai (en France) et coach des Léopards de la République démocratique du Congo face à l’équipe de France A’ à Marbella en Espagne en février 2008, Otis N’Goma donne son avis sur la finale retour de la 13ème édition de la Ligue des champions d’Afrique. Ce samedi 7 novembre au stade Frédéric Kibassa Maliba (ex-Kenya) de Lubumbashi, Tout puissant Mazembe reçoit Heartland FC du Nigeria. L’on se souvient qu’à l’aller, le club nigérian s’était imposé à Owerri par 2 buts à 1. Otis N’Goma donne des pistes devant amener Mazembe au sacre.

Quel engouement en Europe !
Ce match rassemble la population congolaise toute entière et partout dans le monde. L’événement soude nos communautés.

C’est la fièvre ?
Après une longue période de disette, le foot congolais est en passe de confirmer ses ambitions, au moins sur le plan local.

Pour vous, l’heure est à la reconquête ?
Si elle n’est pas encore au triomphalisme, nous ne pouvons que nous réjouir déjà du CHAN et de cette performance du Tout puissant Mazembe d’arrivée en finale. C’est rassurant de savoir que l’on peut tenir tête aux grands clubs d’Afrique. Ce résultat met en exergue la qualité de nos athlètes au vu de meilleures nations sur le plan local.

Donc, il faut le gagner ce trophée ?
Le trophée de la Champions League est la statuette la plus convoitée par les clubs du continent. Dans un stade acquis à la cause des Badiangwena, la motivation doit être à son paroxysme. C’est l’immense bonheur d’un public qui jusque là n’osait plus crier sa joie, ni son patriotisme suite aux échecs à répétition. Cette finale est prometteuse, elle entrera dans la légende du renouveau du football congolais.

C’est grâce aussi à son président, à ses sponsors...
Oui, c’est un passionné, l’amour qu’il n’a jamais cessé de manifester à son club prouve qu’il faut de l’organisation, de la patience, de la persévérance pour réussir dans le sport. Cette finale est l’œuvre considérable qu’il a accomplie avec son comité fidèle, à la tête de son équipe depuis quelques années. Je lui souhaite, ainsi qu’à toute son équipe, de réussir et d’accomplir ce qu’ils ont bien commencé. Ce sont les retombées d’un travail bien fait de l’année dernière avec Santos Muitubile, ils étaient si près. C’est un travail de toute une équipe d’entraîneurs passés au club depuis 5 ans. Un travail dans la durée. Je tire un grand coup de chapeau aux membres de cette équipe qui sont allés au bout de leur projet. C’est aux autres présidents de club à s’en inspirer….

Si l’on parlait du match en soi…
Mazembe doit appliquer les bons principes pour mieux gérer cette période stressante. Le staff doit redonner la confiance au groupe pour ne penser qu’au jeu, qu’à l’enjeu.

C’est un vrai challenge…
Oui, il s’annonce difficile mais pas impossible. Il ne faut pas que le doute ronge leur corps, l’équipe doit se forger un mental de héros invincibles.

Comment se comporter ?
Rester humbles, la valeur humaine sera essentielle. Pour une équipe équilibrée avec un système modulable selon le contexte. C’est l’adaptation des joueurs et la capacité à faire vivre le schéma, l’animation et l’organisation feront la différence.

Qu’est-ce qui va distinguer les 2 équipes ?
Leur préparation psychologique et le très haut degré d’application, parce que cette finale reste un match à part.

Le terrain a son intérêt ?
L’avantage du terrain serait peut-être décisif pour nous, mais nous vivons dans un monde en perpétuelle évolution ou tout semble possible…il est bien loin le temps où le terrain avait un avantage considérable. C’est la qualité du jeu et la détermination qui amèneront le résultat.

Comment jouer face à cette équipe virile et vigoureuse ?
Contrairement à l’aller, cette fois-ci l’importance du mouvement dans le jeu permettra l’adresse, la vitesse d’exécution, la qualité des transmissions du ballon, ainsi que l’occupation rationnelle du terrain. Aussi les dédoublements à partir de la seconde zone seront des éléments importants. Il faut les obliger à vivre cette rencontre en situation d’urgence, les amener à un point pour les dépasser dans un autre espace.

Donc, la réussite serait liée à cette notion d’espace…
Oui, parce que même s’ils peuvent influencer dans la profondeur sur des contres rapides grâce au but d’avance, ils ne pourront jamais réduire la largeur du terrain. Ainsi, il faut donc écarter le jeu, jouer en 1ère intention pour ne pas heurter le mur nigérian. Il faut de la spontanéité pour ne pas stéréotyper le jeu. L’important serait de savoir comment Mazembe va maîtriser le passage d’une action offensive à une action défensive (et vice-versa). Donc la phase de transition, s’organiser très vite, récupérer le ballon et offensivement se projeter et porter le danger vers l’avant sans se précipiter.

Et la défense dans tout ça ?
C’est le vrai problème de cette équipe, cette défense doit savoir lire le jeu, savoir communiquer entre eux, avoir une bonne capacité de réflexion à l’aide d’une prise d’infos et d’analyse collective et rapide, afin de vite réagir, anticiper les imprévus, réduire les espaces et ne pas être surpris.

Donc, il faut bien faire…
Pas forcément, il ne faut pas être bloqué par le désir de trop bien faire et par l’empressement que l’on se met dans chacune des actions, ils ont besoin d’être efficaces.

Dans ce contexte, quel aspect faut-il prendre en compte ?
L’aspect psychologique sera primordial. Les joueurs auront besoin d’exploiter de manière optimale les capacités technico-tactiques tout au long du match.

L’autre particularité… ?
Elle résidera dans la vitesse du jeu à imprimer la capacité à gagner les duels. Les équipes qui gagnent en finale sont pour la majorité celles qui gagnent les duels.

Et le côté obscur, fétichiste ?
Ces pensées s’inscrivent dans le rayon croyances limitantes. On a tendance à lui attribuer une part du succès alors qu’en cas de défaite, silence radio. Personne n’aura connaissance de sa démarche. C’est un axe sur le psychisme, de ceux qui souffrent d’un manque de reconnaissance personnelle ou professionnelle.

Quels peuvent être les moments clés avant le match ?
C’est dans les vestiaires lors de la dernière causerie…un vrai moment d’influence pour impulser et favoriser l’ultime préparation mentale ; il s’agira de rassurer et réduire les incertitudes.

C’est au staff à rassembler les énergies autour de l’équipe et glisser du savoir-faire vers une approche plus expérimentale.

Quel scénario pour vous ?
Le bon serait de marquer très vite pour prendre le temps de gérer, préparer, construire, contrôler le match, surtout de les presser très haut afin de les faire jouer contre nature.

Un dernier mot sur le football congolais en cette période de succès ?
Le Congo est un vivier extraordinaire avec une génération dorée de jeunes joueurs éparpillés partout dans le monde et faisant le bonheur d’autres grandes nations sportives.

Il faut penser moderne, car le football est une machine qui doit avancer patiemment pour réussir d’où la nécessité de grandes réformes sportives, qui permettront de réfléchir sur les moyens humains et matériels à mettre en place.

Ceci étant, les instances fédérales doivent faire preuve d’audace et de convictions auprès des pouvoirs publics pour qu’une politique globale au service des jeunes congolais soit mise en œuvre le plus rapidement possible afin de préserver l’avenir des générations futures. Allez Mazembe !

Re: Interview Otis N'Goma avant finale

Posté : 10 nov. 2009, 13:13
par Ilunga
Une analyse au zenith...