Gernot, avant d’affronter mercredi la RD Congo, le Gabon n’a plus gagné depuis le mois d’août et une victoire en Algérie. Les supporters des Panthères ne cachent plus leur impatience. Que leur répondez-vous ?
Nous sommes en préparation, la priorité n’est pas encore le résultat. Nous sommes dans la situation d’une équipe qui a une compétition à organiser, et qui doit jouer tous ses matches à l’extérieur car les stades au pays ne sont pas encore prêts. Pour des rencontres jouées exclusivement loin de nos bases, le bilan n’est pas mauvais. On a battu l’Algérie, qui sortait de la Coupe du monde, on a fait match nul avec le Burkina Faso, qui est une très bonne équipe.
Contre le Sénégal, vous avez perdu…
C’est vrai, mais tout ne fut pas négatif. Ce fut un bon match d’évaluation, pendant lequel j’ai fait six ou sept changements. Je n’en sais pas encore assez pour arrêter une équipe type. Il y a des gens qui ne comprennent pas tout cela. Je dis à ces gens-là que l’équipe est en progrès. On est en train de trouver un banc, ce qui est nécessaire pour gagner une CAN.
A quels joueurs avez-vous récemment ouvert la porte des Panthères ?
On a trouvé un bon gardien à Metz, Anthony Mfa Mezui, qui aurait pu choisir de porter les couleurs de la France, avec laquelle il a été sélectionné chez les moins de 17 ans. On a fait appel à André Biogho Poko, le milieu défensif de l’US Bitam, qui a été titularisé contre l’Algérie et le Sénégal. On a trouvé un autre 6, avec la révélation de Willy Aubameyang à ce poste. Et Jean-Pierre Bamba, qui peut jouer dans l’axe ou côté droit, est maintenant notre numéro 3 en défense. Je citerais aussi Alexander N’Doumbou, de l’OM, et Lloyd Palun, qui est récemment passé de La Trinité à l’OGC Nice.
Un mot sur ce dernier joueur. Comment l’avez-vous découvert ?
Le premier tuyau nous est venu de Madjid Ben Haddou, un joueur que j’avais entraîné à l’OGC Nice et qui s’occupe aujourd’hui du club de La Trinité, où jouait Lloyd. Il a appelé José pour lui dire qu’il avait dans son équipe un très bon joueur gabonais. On l’a invité à faire un entraînement avec la sélection en septembre, quand nous étions en stage sur la Côte d’Azur. Lloyd est venu, ce qui montrait sa motivation. Nous l’avons ensuite convoqué pour le Sénégal, mais il n’avait pas encore ses papiers et n’a pu être aligné. Mercredi, je pense qu’il rentrera en cours de match.
Si je vous dis que le Gabon est une équipe cohérente et robuste, mais manquant d’efficacité en zone offensive, que répondez-vous ?
Que c’est vrai, mais qu’il s’agit d’un problème général dans le football : il est de plus en plus difficile de marquer. On n’a pas encore attaqué le chantier de l’attaque. Je vais commencer à le faire. J’ai par exemple rappelé Henri Antchouet, qui joue en deuxième division portugaise (au Moreirense FC, NDLR).
Mercredi, vous jouez la RD Congo, une équipe amputée de ses meilleurs joueurs locaux, tous retenus pour le CHAN au Soudan. Est-ce un avantage pour votre équipe ?
Pas vraiment. Nous avons aussi cinq ou six joueurs habitués de l’équipe A qui disputent le CHAN. Et puis, j’ai vu la liste des 25 congolais, c’est du solide. Beaucoup jouent dans des bons clubs européens. Ils ont un réservoir de professionnels supérieur au nôtre.
A propos du CHAN, avez-vous suivi les débuts des Panthères locales, battues en ouverture par le Soudan (0-1) ?
Oui, j’étais présent à Khartoum. J’y retourne samedi pour le troisième match de l’équipe face à l’Ouganda. Entre temps, ils auront joué l’Algérie (mardi 14h30, NDLR).
Le coach de l’équipe A’, Pierre Aubame, a déclaré que ses joueurs n’avaient pas joué leur football vendredi dernier. Comment ce football se définit-il ?
Il est fait de vivacité, de jeu court, de solidarité et de vitesse. Nous avons peu de grands gabarits, on doit jouer cette dernière carte. Face au Soudan, je pense qu’ils ont subi la pression du contexte et du stade, qui est assez impressionnant. J’espère qu’ils seront plus libérés par la suite.
Concernant l’équipe A, avez-vous un schéma tactique pré-établi ?
Non. Je choisis les joueurs, et le schéma vient ensuite. Nous maîtrisons le 4-3-3, nous avons déjà évolué en 4-4-2 également, et nous avons pour projet de tester un 4-2-3-1.
Pour cette rencontre face à la RD Congo, vous avez rappellé un joueur très apprécié de nombreux supporters, le latéral gauche Georges Ambourouet. A-t-il une carte à jouer ?
Nous l’avions déjà invité une fois, mais il avait décliné car il avait un match de barrage très important à jouer avec son club en D2 roumaine. Aujourd’hui, il est passé en L1 albanaise. C’est un meilleur Championnat, et nous avons eu de bons échos de ses dernières prestations. Aujourd’hui, une absence va nous permettre de le relancer. A lui de saisir cette chance.
Vous ne connaissez pas encore vos adversaires pour la CAN Orange 2012. Mais quelle est l’équipe africaine qui vous impressionne le plus ?
Le Sénégal. Quel potentiel technique, physique et offensif !
Les bouleversements en cours en Tunisie, en Egypte et dans les autres pays du Nord peuvent avoir des conséquences sur certaines équipes nationales. Quel est votre regard sur la situation ?
Il est toujours positif que des pays retrouvent la liberté d’expression. Le football a un grand rôle social à jouer. Il peut contribuer à redonner du plaisir aux gens, qui vivent des moments difficiles.
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