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03/11/11/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE JEUDI (CongoForum)
L’atmosphère de la campagne électorale devient de plus en plus détestable. L’absence sur le terrain du leader de l’UDPS et candidat à la présidentielle du 28 novembre 2011, Etienne Tshisekedi, qu’on a attendu en vain à Kisangani, est diversement commentée par la presse à Kinshasa. Le transport aérien n’est pas le seul problème en cause : on parle de façon croissante d’entraves administratives ou policières à la campagne et, en brousse, les brigands s’y mettent aussi. Les préparatifs matériels des élections se poursuivent. A mi-chemin entre économie et justice, on reparle du Contentieux Gécamines-EGMF.
Campagne
N’ayons pas peur des mots, il y a toute apparence que la campagne soit en train de foirer et de tourner mal. En cause, en fait, plusieurs choses : des entraves administratives venant du pouvoir, mais aussi des dissensions internes dans les deux camps et une certaine quantité de faits qui semblent reelevr du banditisme pur et simple.
L’Observateur rapporte ce matin que des policiers empêchent la pose de l’affiche de Tshisekedi. Il observe qu’entre prendre un engagement et le strict respect de celui-ci, il y a très souvent des écarts. « C’est vraiment et malheureusement le cas de le dire avec le fameux code de bonne conduite de la Ceni soumis aux candidats aux élections voulues apaisées du 28 novembre prochain ». D’après lui, l’affiche du candidat Tshisekedi n’a pas été installée parce que les policiers dépêchés sur place ont empêché les agents de la société publicitaire de procéder à l’installation. Ils auraient reçu l’ordre d’un commandant qui lui, a été alerté par l’agent de la police de roulage qui était de service au Rond Point Victoire mercredi matin, rapporte le journal. C’est pourquoi L’Observateur estime que ceux qui croient que la signature de ce code est le gage des élections apaisées en RDC, risquent de se tromper énormément.
Le Phare écrit 3 articles à ce sujet, dans le premier, il se demande si la Police a déjà choisit son camp, avec le refus de placer l’affiche d’Etienne Tshisekedi, candidat à l’élection présidentielle. Dans le deuxième article, le confrère pense que l’U.D.P.S. en a assez de recevoir des coups. Et dans le 3ème article, le confrère précise que la Police fait obstruction à Etienne Tshisekedi. Tout compte fait, Le Phare précise qu’hier, le marché de vente des téléphones qui fonctionne en informel depuis quelque temps autour du rond point des artistes, dit Victoire, a été particulièrement « victime du désordre créé par la police ».
(Voilà pour l’ambiance générale qui constitue, si l’on peut dire « le gâteau ». La cerise au sommet du gâteau, c’est l’affaire de l’avion de Tshisekedi. Pour la comprendre, il faut avoir deux faits en mémoire. Le premier, c’est la mauvaise surprise de 2005/2006, quand JKK s’est vu près d’être battu par Bemba. Les deux vainqueurs du premier tour ont été les deux seuls candidats qui, à la fois du fait de leurs statuts de Président et vice-président, des moyens de l’Etat et de leurs fortunes personnelles, ont pu faire campagne dans tout le pays, ce qui exige le recours à l’avion. Ni JKK, ni ETwM ne l’ont oublié. Le second fait, c’est la raréfaction des avions depuis le crash de Hewa Bora à Kisangani. Tshisekedi a pensé à se procurer des avions, mais JKK pourrait fort bien avoir pensé à l’empêcher de s’en servir. Avions et essence sont en effet soumis à une abondante paperasse administrative. NdlR)
Le rendez-vous manqué de Kisangani fait ainsi l’objet d’interprétations très différentes dans La Prospérité (MP) et dans Le Phare (Opposition). La Prospérité se demande si Tshisekedi est déjà essoufflé du fait que le candidat de l’UDPS peine à entrer dans la campagne électorale et, à mots à peine couverts, insinue que tout cela vient du fait qu’ETwM est gateux, égrotant et, pour tout dire, mort plus qu’à moitié. Ce n’est pas la lecture que fait Le Phare qui, pour sa part, estime que c’est le pouvoir de Kinshasa qui bloque les avions loués par Tshisekedi et y voit un complot administratif joséphiste.
« Tshisekedi est-il déjà essoufflé », s’interroge La Prospérité. En effet, fait remarquer ce journal, le président national de l’UDPS et candidat à la présidentielle du 28 novembre prochain devait fouler le sol de la ville de Kisangani, chef-lieu de la Province Orientale, mercredi 2 novembre, clôturant ainsi son périple euro- américain ponctuée d’un long séjour en Afrique du Sud. Tout le monde attendait de voir, enfin, en campagne celui qu’on qualifie du plus grand opposant de la RD Congo. Mais patatras, attendu à Kisangani par des cadres mobilisés et prêts au combat, le lider maximo semble avoir fait jouer « ses vieux démons ». Ses nombreux supporters qui l’attendaient à l’aéroport se sont finalement déplacés pour rien. La question que tout le monde se pose est de savoir si le leader de l’UDPS, âgé de 79 ans, s’est bien remis de la longue maladie qui l’a tenu indisponible pendant près de 3 ans à Bruxelles, et s’il aura la force nécessaire de supporter une campagne électorale comme celle que J. Kabila, avec les ressources humaines et matérielles déployées sur terrain s’apprête à lui opposer.
Selon Le Phare « Kinshasa bloque les avions loués par E. Tshisekedi ». Annoncé pour le mercredi 02 novembre puis le jeudi 03 novembre 2011 à Kisangani, Etienne Tshisekedi n’a toujours pas foulé le sol d’une ville qui se trouve dans la fièvre de son attente depuis le 28 octobre 2011, date du coup d’envoi officiel de la campagne électorale pour les élections présidentielle et législatives. Tshisekedi continue de ronger son frein à Johannesburg, en Afrique du Sud, où il était arrivé le vendredi 21 octobre, en provenance de Bruxelles, au terme d’une longue tournée de sensibilisation des Congolais de la diaspora et des décideurs politiques d’Europe et d’Amérique à sa candidature ainsi qu’à son projet de société.
Selon des sources contactées par Le Phare, les trois aéronefs pris en location par le leader de l’UDPS pour sa mobilité ne peuvent pas encore survoler le territoire congolais. Des interférences politiques ont surgi dans le dossier de la délivrance des autorisations de survol de l’espace aérien congolais et de fréquentation des aéroports et aérodromes. Bien que le dossier ait été introduit auprès de l’AAC (Autorité de l’Aviation Civile) voici plus de deux semaines, celle-ci se trouve dans l’incapacité de répondre positivement à la sollicitation de la société aérienne sud-africaine propriétaire des avions pris en location. Les mains noires du «pouvoir parallèle » qui ont pris le dossier en otage refusent de donner le feu vert pour la délivrance des fameuses autorisations de survol et de vol. A l’UDPS, rapporte le journal, on a lancé un ultimatum de 24 heures aux autorités qui bloquent cette autorisation d’atterrissage pour libérer ces documents. Dans le cas contraire, elle se verra dans l’obligation de recourir à d’autres moyens pour permettre le retour de son leader, dit encore Le Phare.
Après qu’à Kisangani deux factions rivales au sein de l’UDPS en soient venues récemment aux mains, avec blessés et mort d’homme, au Katanga c’est dans la Majorité qu’on se bagarre. Le Palmarès fait état de « Télescopage entre deux partis de la MP au Katanga ». A Lubumbashi, l’UDCO de Banza Mukalay est aux prises avec le président de l’interfédérale du PPRD au Katanga, Moïse Katumbi. Les deux alliés de la Majorité présidentielle se disputent la gestion des entités électorales. Dans ce nouveau type d’affrontement, les bourgmestres sont devenus l’enjeu principal. Le confrère rappelle qu’il l’avait déjà annoncé : les législatives de 2011 vont opposer même les plus intimes.
Radio Okapi parle de son côté de l’« Attaque de convois de deux candidats à la députation ».
(Le réseau routier du Congo ressemble plus aux pistes du Far West qu’à des routes au sens courant du terme. Il a donc aussi se brigands de grands chemins. Tout comme les desperados préféraient attaquer la diligence quand elle transportait de l’or, les bandits s’intéressent aux convois des candidats parce que la campagne électorale oblige à faire des cadeaux : argent, denrées alimentaires, matériaux de construction, etc… NdlR)
Une délégation du parti politique Mouvement social pour le renouveau, (MSR) est tombée dans une embuscade tendue par des hommes armés, lundi 31 octobre 2011, dans la localité de Tchai située dans la périphérie sud de Bunia en Province Orientale. Les victimes indiquent qu’ils venaient de Mambasa pour Bunia récupérer les matériels de campagne électorale. Ces bandits armés ont pillé les passagers du véhicule dont deux candidats députés nationaux pour le compte du MSR. Les victimes se disent surprises par cette attaque survenue à moins de 300 mètres d’une position des FARDC dans la zone.
Pendant ce temps, au Nord Kivu, le convoi d’un candidat député de la circonscription électorale de Rutshuru a été attaqué le même lundi dans la matinée dans le territoire de Rutshuru. Selon les membres de sa famille, Fabrice Kambale Valivambene revenait de Kiwanja pour Goma dans un véhicule lorsque celui-ci a essuyé des tirs d’hommes armés non identifiés au niveau de Kalengera, à environs 60 km au Nord de Goma.
Enfin, Le Potentiel signale une « Nouvelle menace dans les Grands Lacs » et rapporte au sujet de ce regain d’insécurité dans la sous- région des Grands Lacs qu’à l’Est de la RDC, les FDLR et la LRA sont toujours actives. Au Burundi, l’on reparle d’une imminente guerre civile pendant qu’au Rwanda, le retour des réfugiés rwandais devient problématique.
Comme si cela ne suffisait pas, voici que l’on parle maintenant des Shebab, ces islamistes armés de la Somalie dont la présence vient d’être signalée dans la sous- région des Grands Lacs. Juste au moment où la RDC s’apprête à aller aux élections. Curieuse coïncidence.
CENI
La Monusco a mis ses quatre-vingt avions et hélicoptères à disposition de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) pour le transport des urnes et des bulletins de vote. Le porte-parole de la mission, Madnodje Mounoubai, l’a annoncé, mercredi 2 novembre, lors de la conférence hebdomadaire des agences des Nations unies, dit Radio Okapi.
Selon Madnodje Mounoubai, cette assistance fait partie du mandat de la Monusco. «La résolution 1991 demande à la Monusco de soutenir logistiquement et techniquement le processus électoral,» a-t-il expliqué, ajoutant qu’au fur et à mesure que le matériel électoral va arriver, la mission va s’occuper de son acheminement dans les chefs-lieux des provinces et dans les districts. Le conseil de sécurité de l’ONU a adopté, mardi 28 juin 2011, la résolution 1991 prorogeant le mandat de la Monusco jusqu’au 30 juin 2012. Cette résolution indique notamment que la Monusco apportera, à la demande des autorités congolaises, un appui technique et logistique pour l’organisation et la tenue des élections nationales, provinciales et locales en RDC. Le 22 septembre, trois vols de la Monusco ont transporté 47 tonnes de matériel électoral à Kindu (Maniema). La cargaison était venue de Lubumbashi. Le même jour, un hélicoptère de la Monusco a effectué des rotations pour l’acheminement de ces kits dans le territoire de Beni au Nord-Kivu.
Justice
L’Avenir, qui consacre sa manchette à l’affaire EGMF-Gécamines, juge utile de préciser que sept magistrats sur dix que compte la Cour suprême de justice viennent d’être récusés par les avocats des Entreprises générales Malta Forrest (EGMF). Il n’en reste que 3, pour faire un total de 10 magistrats que compte la CSJ. Et dans les 3 qui restent, il y a un magistrat qui a été envoyé à la retraite, explique encore L’Avenir. N’étant resté qu’avec deux hauts magistrats non frappés par la procédure de récusation, et compte tenu qu’elle est dans l’incapacité de statuer, la haute Cour attend la prestation de serment des magistrats récemment nommés par le chef de l’Etat pour compléter la composition. L’Avenir rapporte néanmoins la position de la Gécamines, position selon laquelle EGMF userait des manœuvres dilatoires pour ne pas plaider l’affaire au fond. Pays qui occupe la queue dans le Doing Business de la Banque mondiale pour 2011, commente tristement le journal, la RDC a encore du temps à parcourir pour améliorer le climat des affaires et attirer ainsi les investissements directs étrangers. Pour rappel, un conflit oppose la Générale des Carrières et des Mines (Gecamines) et l’Entreprise générale Malta Forrest (EGMF) au sujet de la gestion des parts (évaluées à 60%) de cette dernière dansla Compagnie minière du Sud Katanga, CMSK. De son côté,la Gécamines estime que le partenariat entre les deux entreprises est une affaire close.
La Prospérité de ce matin s’exclame à la Une qu’il y a 7 magistrats récusés à la CSJ. C’est un nouveau rebondissement dans cette affaire, demandée par Entreprises Groupe Malta Forrest. Selon la consœur, cette déclaration de récusation de certains magistrats, est conforme à la loi, à cause des suspicions qui pesaient sur les magistrats en question.
© CongoForum, le jeudi 3 novembre 2011