Un peu d'histoire

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madi
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Re: Un peu d'histoire

Message par madi »

wantanshi a écrit :Observation d'un penseur Congolais sur le testament de Léopold II :roll:

Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu’à la Conférence de Berlin de 1884, le Katanga ne faisait pas partie de l’État Indépendant du Congo, mais qu’en 1888, après la conquête du Katanga, le Roi Léopold II fait du Katanga un État tout à fait distinct de l’État Indépendant du Congo

Remarque ou observation intéressante, dans ce testament du roi Léopold II, il n’est pas question de léguer, après sa mort, l’État du Katanga à la Belgique, alors que le Katanga était une entité tout à fait distincte de l’État Indépendant du Congo, ce qui veut dire que, par son testament il ne fait que léguer à la Belgique le reste du Congo, mais pas le Katanga… à ce moment-là le Katanga ne fait pas partie de l’État Indépendant du Congo de 1884 et Léopold II ne lègue pas le Katanga à la Belgique dans son testament ! Et, rappelons-le, ce n’est qu’en 1892 que le Katanga va devenir la sixième région de l’État Indépendant du Congo… donc, 3 ans après le testament de Léopold II ! On peut donc dire en quelque sorte, que la Belgique a annexé, en 1892, le Katanga à l’État Indépendant du Congo, ceci sans avoir le droit de le faire, vu que le Katanga ne lui avait pas été légué par voie testamentaire ! On peut éventuellement dire, que cette annexion du Katanga fut ‘‘illégale’’ du point de vue juridique !

Allons plus loin : jusqu’en 1936, le Katanga connut un régime spécial, au lieu d’être soumis à l’autorité du Gouverneur Général de la capitale, Léopoldville, le Katanga relevait directement du Ministère des Colonies à Bruxelles et un Vice-Gouverneur Général siégeait à Élisabethville ( Lubumbashi ) au Katanga.

On peut donc estimer que le Katanga peut, de plein droit, réclamer au minimum l’application du Fédéralisme au sein des frontières de l’actuelle R.D.C. ( République Démocratique du Congo )… personne ne peut dire ou affirmer le contraire, personne, que ce soit au niveau historique et/ou juridique… personne !
A quelle periode les kasaiens ont ils quitté le katanga? Peuvent ils aujourdhui d'apres l'histoire reclamer aussi leurs terres laissées labas? Es-tu sur que lorsque le roi leopold parlait du katanga, il se représentait les limites actuelles du katanga? Comment savoir que la designation katanga ne comprennait pas aussi une partie du kasai? Toutes ces questions montrent que les divisionnistes katangais peuvent reclamer leur indépendance, mais cela n"aura aucun fondement legitime si ce n'est égoiste.
Erick Ross
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Re: Un peu d'histoire

Message par Erick Ross »

Il continue de hanter les ennemis du Congo car en l'assassinant, ils ont fait du seul et unique héros national congolais un martyr :arrow: http://www.youtube.com/watch?v=rzPO4KQCZP8
Jonas Balela-Pour l'amour de mon pays :

http://www.youtube.com/watch?v=RBIHCwBYELo
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tony yave
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Re: Un peu d'histoire

Message par tony yave »

Septembre 1876 : Le Roi de Belgique, Léopold II, organise à Bruxelles une conférence géographique internationale débouchant sur la création de l'AIA (Association Internationale Africaine).

1883 : le Congo devient l'AIC (Association Internationale du Congo), présidée par Léopold II.

15 novembre 1884 : Au Congrès de Berlin, l'AIC devient l'Etat Indépendant du Congo (EIC) dont le souverain est Léopold II et ayant son gouvernement à Boma, ensuite à Léopoldville.

13 décembre 1906 : annexion de l'Etat indépendant du Congo à la Belgique.

1921 : Le Kibanguisme, mouvement religieux d'inspiration chrétienne fondée par Simon Kibangu s'installe dans le pays

1950 Création de l'ABAKO (Association des Bacongo).

1955 : Le roi Baudouin en visite lance l'idée d'une communauté belgo-congolaise.

Octobre 1958 : Patrice Lumumba fonde le Mouvement national congolais (MNC) qu'il représente à la conférence panafricaine d'Accra.

11 janvier 1959 : L'Abako est dissoute.

13 janvier1959 : Le Roi Baudouin s'engage à ''conduire les populations congolaises" à l'indépendance

23 juin 1959 : Le président de l'Abako, Joseph Kasa Vubu, demande la création, dans l'ouest du pays, d'une république du Kongo.

Décembre 1959 : La loi martiale est instituée dans le sud-Kasaï afin de stopper les affrontements entre Lulua et "immigrés" Luba. Une coalition comprenant l'Abako, le PSA (Parti Solidaire Africain) d'Antoine Gizenga (Kwilu, à l'est) et le MNC d'Albert Kaloji et Joseph Iléo (Kasaï) demande la convocation à Bruxelles d'une table ronde.

29 janvier 1960 : Début de la table ronde belgo-congolaise, qui fixe au 1960 30 juin la date de l'indépendance, et qui est suivie d'une table ronde économique en février.

Le MNC de Patrice Lumumba remporte les élections de mai 1960; ce dernier est élu chef de gouvernement. Joseph Kasavubu devient à son tour Président en juin peu avant l'indépendance annoncée .

23 juin 1960 : Patrice Lumumba est nommé Premier ministre.

30 juin 1960 : Indépendance du Congo rebaptisé Congo-Léopoldville.

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wantanshi
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Message par wantanshi »

Patrice Lumumba a-t-il été assassiné par les services secrets britanniques?
Patrice Lumumba en 1960.
Patrice Lumumba en 1960.
AFP
Par RFI

Une vieille affaire refait surface : l’assassinat de Patrice Lumumba en 1961, un des grands mystères de l’histoire contemporaine africaine. Le héros de l’indépendance congolaise aurait été assassiné par les services secrets britanniques. Une nouvelle piste après les accusations lancées contre la CIA et ensuite contre les forces de sécurité belges, une piste révélée par un lord britannique. Qui est ce lord et d’où viennent ces informations ?

Avec notre correspondant à Londres, Adrien Moss

C’est un lord travailliste, un ancien militant syndicaliste qui a été fait baron et est devenu lord Lea of Crondall. Il n’est que le messager dans cette histoire. Il dit qu’il a reçu les confidences de l’une de ses collègues, qui est morte en mars 2010. Cette lady, Daphne Park, était du bord opposé. Elle était au Parti conservateur et avait été faite baronne Park de Monmouth pour services rendus aux services secrets. Elle avait été en effet agent du MI6, le contre-espionnage britannique au Congo Belge en 1959. Officiellement, elle était consul à Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa) juste avant que le pays ne gagne son indépendance après la colonisation belge qui avait duré 75 ans.

Qu’a dit la baronne au baron de Crondall ?

D’après lord Lea of Crondall, c’est à l’automne 2009, quelques mois avant sa mort, que l’ancien agent secret lui a fait ses confidences. Ils sont dans le salon de thé de la Chambre des Lords, ils parlent de la mort de Patrice Lumumba, du mystère qui l’entoure encore aujourd’hui. Lumumba, héros de l’indépendance, avait été le Premier ministre du premier gouvernement du Congo indépendant, mais que « ce gouvernement avait été renversé par un coup d’Etat et que Lumumba avait été fusillé sans que Bruxelles ou Washington lèvent le petit doigt. On a aussi parlé des services secrets britanniques », dit le lord travailliste. « Ils pourraient bien être impliqués », dit-il. Et d’après lui, c’est à ce moment-là que l’ancienne chef du MI6 du Congo Belge lance sa bombe à retardement. Elle lui dit : « Ils le sont puisque c’est moi qui aie tout organisé ».

Comment sont accueillies ces révélations ?

Ces informations sont accueillies avec un grand scepticisme. Plusieurs spécialistes notamment l’historien belge Ludo de Witte, assurent que Daphne Park se vante. Pour lui, ce sont des agents belges qui ont tué Lumumba et le gouvernement belge s’est d’ailleurs excusé. Lord Lea Crondall, dit lady Park avait toute sa tête lorsqu’elle lui a fait cette confidence, mais plusieurs spécialistes du monde des renseignements ne croient pas à cette nouvelle version. Tous reconnaissent le rôle important qu’a pu jouer Daphne Park qui était considérée comme la reine des espionnes de cette partie de l’Afrique. Mais tous soulignent aussi que Lumumba avait fait l’erreur d’appeler Moscou au secours et aussi bien les Belges que les Américains ne voulaient pas que cette nouvelle République du Congo bascule du côté soviétique.

Le héros de l’indépendance congolaise aurait été assassiné par MI6?

03/04/2013
par Nicolas Champeaux

Écouter (01:23)
Plus



En fait, le journal le Times, qui était mardi le seul à publier cette histoire dans sa version papier, revient ce matin sur l’histoire. Il rappelle les extraordinaires rumeurs qui circulent sur la mort de Patrice Lumumba, par exemple que la CIA voulait le supprimer avec du dentifrice empoisonné qu’on avait mis dans sa salle de bain. Mais finalement, le chef de la CIA basé à Léopolville avait été si surpris par le complot qu’il avait jeté le dentifrice dans le fleuve Congo. En tout cas pour le Times, ce qu’il faudrait c’est que le MI6 ouvre ses archives pour qu’on sache enfin la vérité sur la mort de Patrice Lumumba.
Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire. [Albert Einstein]
madi
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Message par madi »

wantanshi a écrit :
Patrice Lumumba a-t-il été assassiné par les services secrets britanniques?
Patrice Lumumba en 1960.
Patrice Lumumba en 1960.
AFP
Par RFI

Une vieille affaire refait surface : l’assassinat de Patrice Lumumba en 1961, un des grands mystères de l’histoire contemporaine africaine. Le héros de l’indépendance congolaise aurait été assassiné par les services secrets britanniques. Une nouvelle piste après les accusations lancées contre la CIA et ensuite contre les forces de sécurité belges, une piste révélée par un lord britannique. Qui est ce lord et d’où viennent ces informations ?

Avec notre correspondant à Londres, Adrien Moss

C’est un lord travailliste, un ancien militant syndicaliste qui a été fait baron et est devenu lord Lea of Crondall. Il n’est que le messager dans cette histoire. Il dit qu’il a reçu les confidences de l’une de ses collègues, qui est morte en mars 2010. Cette lady, Daphne Park, était du bord opposé. Elle était au Parti conservateur et avait été faite baronne Park de Monmouth pour services rendus aux services secrets. Elle avait été en effet agent du MI6, le contre-espionnage britannique au Congo Belge en 1959. Officiellement, elle était consul à Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa) juste avant que le pays ne gagne son indépendance après la colonisation belge qui avait duré 75 ans.

Qu’a dit la baronne au baron de Crondall ?

D’après lord Lea of Crondall, c’est à l’automne 2009, quelques mois avant sa mort, que l’ancien agent secret lui a fait ses confidences. Ils sont dans le salon de thé de la Chambre des Lords, ils parlent de la mort de Patrice Lumumba, du mystère qui l’entoure encore aujourd’hui. Lumumba, héros de l’indépendance, avait été le Premier ministre du premier gouvernement du Congo indépendant, mais que « ce gouvernement avait été renversé par un coup d’Etat et que Lumumba avait été fusillé sans que Bruxelles ou Washington lèvent le petit doigt. On a aussi parlé des services secrets britanniques », dit le lord travailliste. « Ils pourraient bien être impliqués », dit-il. Et d’après lui, c’est à ce moment-là que l’ancienne chef du MI6 du Congo Belge lance sa bombe à retardement. Elle lui dit : « Ils le sont puisque c’est moi qui aie tout organisé ».

Comment sont accueillies ces révélations ?

Ces informations sont accueillies avec un grand scepticisme. Plusieurs spécialistes notamment l’historien belge Ludo de Witte, assurent que Daphne Park se vante. Pour lui, ce sont des agents belges qui ont tué Lumumba et le gouvernement belge s’est d’ailleurs excusé. Lord Lea Crondall, dit lady Park avait toute sa tête lorsqu’elle lui a fait cette confidence, mais plusieurs spécialistes du monde des renseignements ne croient pas à cette nouvelle version. Tous reconnaissent le rôle important qu’a pu jouer Daphne Park qui était considérée comme la reine des espionnes de cette partie de l’Afrique. Mais tous soulignent aussi que Lumumba avait fait l’erreur d’appeler Moscou au secours et aussi bien les Belges que les Américains ne voulaient pas que cette nouvelle République du Congo bascule du côté soviétique.

Le héros de l’indépendance congolaise aurait été assassiné par MI6?

03/04/2013
par Nicolas Champeaux

Écouter (01:23)
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En fait, le journal le Times, qui était mardi le seul à publier cette histoire dans sa version papier, revient ce matin sur l’histoire. Il rappelle les extraordinaires rumeurs qui circulent sur la mort de Patrice Lumumba, par exemple que la CIA voulait le supprimer avec du dentifrice empoisonné qu’on avait mis dans sa salle de bain. Mais finalement, le chef de la CIA basé à Léopolville avait été si surpris par le complot qu’il avait jeté le dentifrice dans le fleuve Congo. En tout cas pour le Times, ce qu’il faudrait c’est que le MI6 ouvre ses archives pour qu’on sache enfin la vérité sur la mort de Patrice Lumumba.
Ba komi ko welela ki assassina ya moto! verite finira par eclater
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wantanshi
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Message par wantanshi »

madi a écrit : A quelle periode les kasaiens ont ils quitté le katanga? Peuvent ils aujourdhui d'apres l'histoire reclamer aussi leurs terres laissées labas? Es-tu sur que lorsque le roi leopold parlait du katanga, il se représentait les limites actuelles du katanga? Comment savoir que la designation katanga ne comprennait pas aussi une partie du kasai? Toutes ces questions montrent que les divisionnistes katangais peuvent reclamer leur indépendance, mais cela n"aura aucun fondement legitime si ce n'est égoiste.
Kasaien est un terme vague ! Il existe plusieurs peuples dans les deux provinces du kasai. Les peuples qui seraient selon les historiens venus du Katanga sont les Baluba du kasai qui serait venus des Baluba du Katanga et les Lulua qui aurait la même origine mais qui s'en sont déplacés bien avant les autres. Quand au moment de la séparation de ces peuples, elles devraient remonter a plusieurs siècles en arrière. Des historiens qui sont allés plus en détails disent qu'elle s'est passé avant l'empire Luba qui s’étendait sur une bonne partie du Katanga (c a d bien avant les années 1300). Ceci semble bien vraie car de par l'histoire de l'empire Luba (nous l'avons étudié en 2 eme et 6 eme secondaire) la structure et la langue sont restées inchangées chez les Balubakat, et plein d'autres raisons. Ceci est donc arrivé a un moment ou on ne savait même pas que les Belges viendraient nous couper les mains. Il y a un écrivain Belge qui a dit en 1961 que les Bauba du Kasai sont parti du Katanga il y a 50 ans c a d vers 1910. Ceci est faux pour plusieurs raison:
1. C'est par contre a ce moment la que les premier Baluba du Kasai sont venus travailler dans les mines du sud-katanga (c a d le mouvement inverse) lorsque les peuples du Katanga résistait a la domination Belge puisque ceci ravagerait leurs empires et royaumes (qui a coute la mort de M'siri, le refus de moderniser le Nord-Est partie du Grand Chef Kabongo par exemple, etc.)
2. Vers 1910 les Belges étaient déjà au Congo, une situation comme celle serait tellement claire et ne se parlerait pas au Conditionnel...
3. Les vielles personnes des nées vers la fin du 19 eme siècles (1800) nient cette affirmation, etc.
Les raisons sont multiples...
Tu sais aux alentours de l’indépendance mon propre père est allé grâce a une bourse a l'internat a Kananga (katubo) et une fois un hommes très vieux (qui devait être du genre des années 1870 par exemple) l'a entendu parler le Kiluba, il l'interpelle et lui dit qu'il s'agissait la de la langue de ses ancêtres :D

Quant a ce que tu dis des "divisionnistes", ça ne sert a rien de faire attention quand les gens parlent de choses insensées.
Modifié en dernier par wantanshi le 28 juil. 2014, 12:33, modifié 1 fois.
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Message par wantanshi »

Indépendance : Les Juifs du Congo se souviennent
Rubrique: Politique & Société
(c) Institut Sépharade Européen
Moïse Tshombé, Président du Katanga, dansant la Hora dans la salle Weizmann d'Elisabethville

Le Congo célèbre ce 30 juin 2010 le 50e anniversaire de son indépendance. Pendant la période coloniale, la petite communauté juive occupe une place à part. A la fois lucides et nostalgiques, les Juifs du Congo assument leur passé sans détour.

Comme l’écrivait Milantia Bourla-Errera dans sa biographie du rabbin Moïse Levy (Moïse Levy, un rabbin au Congo (1937-1991), Ed. La longue vue, Consistoire israélite de Belgique, 2000), de nombreux Juifs figuraient parmi les proches conseillers de Léopold II et les agents de son Etat indépendant du Congo (1885-1908). Associés aux débuts de l’entreprise coloniale, les Juifs ont tenu un rôle majeur dans l’histoire congolaise au 20e siècle, en particulier au Katanga, où l’ouverture des premières mines, la fondation d’Elisabethville (actuelle Lubumbashi) en 1910 et la création d’une liaison ferroviaire vers l’Afrique du Sud attirent des immigrants juifs, ashkénazes d’abord, puis en majorité sépharades. L’inauguration de la synagogue d’Elisabethville (1930) et l’arrivée du rabbin Moïse Levy (1937) marquent l’essor d’une communauté juive prospère en Afrique centrale. Souvent originaires de Rhodes, comme le rabbin Levy, ces immigrants forment un groupe social indispensable à l’économie coloniale. Nombre d’entre eux sont marchands itinérants. Ils vendent des produits indigènes, articles de traite, en gros et en détail.

Lors de son premier séjour au Katanga (1928-1934), le père de Moïse Rahmani, Victor, était « traveller » et plaçait les marchandises de ses patrons chez les commerçants installés loin d’Elisabethville. Directeur de l’Institut Sépharade Européen et passionné du Congo, Moïse Rahmani, auteur de Shalom Bwana (éd. Romillat, 2002) et de Juifs du Congo (éd. de l’Institut Sépharade Européen, 2007), note l’absence de véritables relations sociales entre Noirs et Européens avant l’Indépendance : « Chacun vivait à part, les Noirs dans la “cité”, la ville indigène, les Blancs dans la ville européenne. Le Noir qui se trouvait dans la ville européenne après 21h devait recevoir un document de son patron indiquant les raisons de sa présence ». Membre d’une famille juive de Rhodes, dont la destinée est étroitement liée à l’histoire du Congo, Solly Benatar se souvient avec nostalgie et ambivalence de son enfance à Elisabeth-ville dans les années 50 : « Elisabethville était un petit paradis ! Mais les Congolais ne pouvaient pas fréquenter les lieux de loisirs et de détente des Blancs, à l’exception d’une minorité de Noirs “évolués”, petits cadres et fonctionnaires bénéficiant de certains privilèges, mais peu acceptés des Blancs ».

La mode pour tous

A l’instar d’Erna Vamos, artiste juive hongroise, formée aux Arts décoratifs à Paris, les Juifs du Congo belge sont capables de porter un regard nuancé sur la société coloniale. Paradoxalement, l’œuvre d’Erna Vamos est ignorée des historiens de la peinture au Congo belge. « Engagé comme médecin par une société minière du Katanga en 1939, mon père est décédé peu après ma naissance », rappelle Elie Vamos, son fils. « Bloquée par la guerre à Elisabethville, ma mère a peint pour vivre, surtout des commandes : portraits de Blancs et d’Africains et natures mortes. Fascinée par le monde de ses modèles noirs, elle se passionna de musique et d’art et africains et elle apprit le swahili ». Ces portraits d’Africains étaient vendus à des Blancs, amateurs de couleur locale et d’exotisme. Erna photographiait ses œuvres achevées. Une de ces photos en noir en blanc reproduit le portrait d’une famille africaine dont l’homme porte veston et cravate, œuvre de commande peinte pour des « évolués » qu’elle représente. En 1959, Erna Vamos rejoint Elie à Bruxelles où il étudie la médecine et tente de vivre de sa peinture. Avec la fin de la colonie, son art réaliste à thèmes africains n’intéresse pas les Belges.

Selon Moïse Rahmani, les commerçants juifs ont contribué à l’émancipation des « indigènes », en les initiant aux produits manufacturés pour en faire des consommateurs à part entière. Ouverts en 1946, à Léopoldville, les magasins « Au Chic » des frères Hasson, « La Coupole » d’Henri Palacci, vendent à tous, Blancs et Noirs, et rompent ainsi la normalité de la société coloniale. Ils refusent toute discrimination raciale, au sein du personnel comme pour la clientèle. Qu’ils soient « évolués » ou « indigènes », les Congolais peuvent y découvrir la mode européenne, et s’y vêtir à l’égal des Blancs. On assiste aux premiers pas d’une réappropriation africaine de la mode occidentale d’où surgira, plus tard, l’univers culturel fascinant de « la sape » congolaise. Les pratiques commerciales des Juifs et leurs rapports quotidiens aux colonisés les distinguaient des autres Blancs. Moïse Rahmani souligne : « Les Congolais n’ont jamais assimilé le Juif aux Belges. Lors des événements de juillet 1960, aucun Juif ne fut, à ma connaissance, ni molesté ni humilié par la foule en colère ».

Santo Franco passe son enfance à Bujumbura, puis à Bukavu. Il quitte le Congo en juin 1957 pour poursuivre ses études à Bruxelles et souligne qu’à l’époque au Congo, on ne parlait pas d’indépendance, ni de politique : « Je suis arrivé en Belgique avec des idées racistes, un racisme “doux”, mais fondé sur la supériorité “naturelle” du Blanc. J’ai été donc fort surpris de rencontrer à l’ULB un petit groupe de premiers étudiants noirs du Congo ! Et puis, soudain est arrivée l’Indépendance ! Et le Congo a basculé dans une affreuse cacophonie ».

Un passé assumé

Avec les troubles qui suivent la proclamation de l’Indépendance et la sécession du Katanga de Moïse Tshombé, qui en deviendra le Président, les Juifs d’Elisabethville fuient, comme la plupart des Blancs. Beaucoup ne reviendront plus ou s’établissent à Léopoldville, où se développe la communauté juive du Congo après 1960. En 1962, le Président Kasavubu signe l’ordonnance instituant la communauté israélite de Léopoldville. Cependant, la zaïrianisation de Mobutu (1973) et les pillages de 1991 forceront la plupart des entrepreneurs juifs à quitter le pays auquel ces fils d’immigrants s’étaient tant attachés. Aujourd’hui, une petite communauté juive vit encore à Kinshasa. La synagogue Beit Yaacov y constitue le seul lieu de culte israélite en fonction au cœur de l’Afrique.

Loin de la mauvaise conscience des Belges qui, après avoir volontairement oublié l’histoire coloniale, semblent aujourd’hui se faire une gloire de l’auto-flagellation et de la diabolisation radicale du passé colonial, cette vision juive du Congo et de sa décolonisation reflète une réalité complexe et parfois ambivalente que de nombreux historiens ont souvent ignorée.

Pères juifs, enfants congolais

Les unions entre un « colonial » célibataire vivant seul en pleine brousse et une « ménagère » africaine, femme à tout faire, font partie des réalités coloniales. Mais les liens unissant de Juifs à leurs compagnes africaines contrastent avec les rapports inégaux qui régissaient le plus souvent ces unions interraciales. « La plupart des Juifs ayant eu, dans le courant des années 1920 et 1930, un enfant avec une Africaine l’ont reconnu, lui ont donné leur nom et ont pourvu à son éducation. Nissim Israël est le premier Blanc à épouser une Noire, en 1959, quand le mariage civil interracial est autorisé par les autorités », fait remarquer Moïse Rahmani.

Dans ses livres, Moïse Rahmani évoque les parcours étonnants de certains de ces enfants congolais nés de père juif, tel Léon (Lubicz) Kengo wa Dondo, président du Sénat, ancien Premier ministre et fils d’un médecin itinérant juif polonais et d’une Congolaise d’origine tutsi. En général, ces Congolais de père juif étaient éduqués par leur mère et scolarisés dans les missions chrétiennes. Néanmoins, ceux que Moïse a rencontrés au cours de ses recherches, affirment avec fierté leur origine juive. Ainsi, les frères Mulongo Finkelstein et toute leur parentèle... Moïse Katumbi Chapwe Soriano, petit-fils de Juifs de Rhodes et premier gouverneur élu du Katanga. Dans Juifs du Congo, Moïse relate l’enfance émouvante d’Hélène Esabu Gottselig, née à Bunia, dans la Province orientale. Ses grands-parents ont été gazés à Birkenau. Son père, Jacques Gottselig, médecin belge, est tué au Yémen lors d’un pogrom en 1948. Prises en charge par l’Etat belge qui assure leur scolarité après cet assassinat, Hélène et sa sœur seront abandonnées à leur sort par les autorités belges après l’Indépendance. Comme le rappelle Moïse Rahmani, Joseph Kasavubu, premier Président du Congo indépendant, était né d’un père chinois, ouvrier sur la ligne de chemin de fer Léopoldville-Matadi. Fait qui documente le rôle important des « métis » dans l’histoire congolaise. Une mémoire qui dérange tous ceux qui choisissent de diaboliser l’héritage colonial et refusent le dialogue honnête avec ce passé oublié.


Mardi 8 juin 2010
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Message par Ivan Shalamar »

"Au commencement était le football puis vint Edson Arantes Do NACIMENTO dit PELE qui réinventa le football à son image".
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