Soupçons de racisme dans le foot français
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Ilunga
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Re: Soupçons de racisme dans le foot français
Eh oui ! Les années "Black Blanc Beur" avec la CM98 se sont transformées en "Black Blanc Beurk" avec CM2010...
kie kie kie kie kie kie
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Ilunga
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Re: Soupçons de racisme dans le foot français
Voici le dialogue complet au cours de cette wonteuse réunion du 8 novembre 2010...Laurent Blanc n'a plus le choix, il doit démissionner ! Ce n'est plus possible...
manbu (3807)
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Verbatim médiapart complet :
Erick Mombaerts: François (Blaquard, ndlr), ça mérite quand même
qu’on débatte, ne serait-ce que trois minutes. Tu as évoqué les statistiques sur les derniers résultats de l’Institut national du football (à Clairefontaine, ndlr): 4 internationaux A français (sélectionnés en équipe de France, ndlr), 26 internationaux étrangers. 20 ou 26….
Laurent Blanc: Ça, ça me choque.
Erick Mombaerts: Ça nous choque.
Laurent Blanc: Plus qu’autre chose.
Erick Mombaerts: Est-ce qu’on s’attelle au problème et on limite l’entrée du nombre de gamins qui peuvent changer de nationalité? Oui? Non? Donc, auquel cas, on est obligé de le faire sous le coude. C’est-à-dire on est obligé de le faire… Mais est-ce qu’il faut le faire. Je pense que tout le monde doit être concerné, là. Laurent, qu’est-ce que t’en penses?
Laurent Blanc: Moi j’y suis tout à fait favorable. Sincèrement, ça me dérange beaucoup. Ce qui se passe dans le football actuellement, ça me dérange beaucoup. A mon avis, il faut essayer de l’éradiquer. Et ça n’a aucune connotation raciste ou quoi que ce soit. Quand les gens portent les maillots de l’équipe nationale des 16 ans, 17 ans, 18 ans, 19 ans, 20 ans, Espoirs, et qu’après ils vont aller jouer dans des équipes nord-africaines ou africaines, ça me dérange énormément. Ça, il faut quand même le limiter. Je dis pas qu’on va l’éradiquer mais le limiter dans ces pôles-là…
Erick Mombaerts: Donc il faut 30%? Un tiers de gamins qui peuvent changer (de nationalité, ndlr)?
François Blaquart: Même pas.
Erick Mombaerts: Même pas ?
François Blaquart: Même pas. Faut faire un projet. Moi, j’ai dit à Gérard (Prêcheur, directeur de l’INF, ndlr) qu’on allait se voir pour le concours et qu’on limite. Qu’on soit beaucoup plus pertinent dans l’approche, y compris l’évaluation sur l’état d’esprit et ainsi de suite. Je dirais qu’on a des moyens pour le faire. Avec des 12 ans, on s’est aperçu que c’était plus difficile qu’avec des 15… Surtout, qu’on se donne quelques garanties! L’idéal effectivement, c’est de dire, mais pas officiellement: de toute façon on ne prend pas plus de tant de gamins qui sont susceptibles de changer (de nationalité, ndlr) à terme.
Laurent Blanc: Ou alors tu les fais passer par des critères différents de sélection. Il n’y a qu’à voir les centres de formation. Même le pôle Paris. Tu vois toujours les mêmes gens parce qu’ils répondent toujours aux mêmes critères de sélection.
François Blaquart: On peut baliser, en non-dit, sur une espèce de quota. Mais il ne faut pas que ce soit dit. Ça reste vraiment que de l’action propre. Bon voilà, on fait attention. On a les listes, à un moment donné…
Erick Mombaerts: Il faut qu’on s’attaque au problème, quand même!
Laurent Blanc: Moi c’est pas les gens de couleur qui me posent un problème. C’est pas les gens de couleur, c’est pas les gens nord-africains. Moi j’ai aucun problème avec eux. Mais le problème, c’est que ces gens-là doivent se déterminer et essayer qu’on les aide à se déterminer. S’il n’y a – et je parle crûment – que des blacks dans les pôles (de jeunes, ndlr) et que ces blacks-là se sentent français et veulent jouer en équipe de France, cela me va très bien.
Erick Mombaerts: Mais ça, on ne peut pas savoir à 13 ans, quand ils rentrent dans nos structures. On ne peut pas savoir. Ils vont te dire qu’ils se sentent français.
Laurent Blanc: Tu peux les aider à s’identifier…
François Blaquart: Il faut identifier. Parce que bon, c’est pas la couleur qui fait… Il y a des gens qui sont, de toutes façons et fondamentalement, de souche française.
Laurent Blanc: Mais bien sûr. Aussi français que toi et moi.
François Blaquart: Et puis la deuxième chose, je rejoins ce que dit Laurent: sur l’état d’esprit, il faut effectivement gratter un peu…
Erick Mombaerts: Oui, enfin ça va pas être simple. Je crois qu’il vaut mieux s’auto-limiter. Il y a bien des clubs comme Lyon (l’Olympique lyonnais, ndlr) qui le font dans leur centre de formation. Ils le font systématiquement. J’étais à Marseille là. Et Henri Stambouli (le patron du centre de formation de l’OM, ndlr) le met en place sur Marseille. Pareil, ils vont limiter le nombre. Voilà. Les clubs, ça y est, ils sont en train de réfléchir. Et ils vont le mettre en place aussi. Ils le supportent plus
Francis Smerecki: J’entends bien, mais si on enlève tous ces gens-là ? ! Si le mec a envie d’être international, c’est quand même normal qu’il aille vers un pays où il va pouvoir jouer. Je pense que c’est humain quand même. T’as été joueur de très haut niveau, Laurent. Si tu n’avais pas pu jouer en équipe de France…
Laurent Blanc: J’aurais pas demandé à jouer ailleurs. C’est aussi simple que ça.
Francis Smerecki: Non mais y en a. Et on peut reconnaître que c’est humain de vouloir jouer.
Laurent Blanc: Je le reconnais. Mais il ne faut pas que ce soit tous les joueurs qui puissent faire ça. Parce que tous les blacks, si tu enlèves les Antillais, ils ont des origines africaines. Donc, africaines, ils vont pouvoir aller dans une équipe africaine.
Francis Smerecki: Les Polonais, quand on est arrivé, on était blanc, et puis la France a eu cette influence polonaise. Et puis ça nous a quand même servis. Aujourd’hui, les règlements ont évolué. Les blacks aujourd’hui, parce que ça a été l’Afrique, et on est fautifs quand même parce qu’on a été les chercher quelque part par wagons entiers. Et aujourd’hui, on voudrait s’en séparer?
Laurent Blanc: J’ai pas dit s’en séparer.
Francis Smerecki: Ben si, quelque part, puisque certains avancent le nombre de 30%. C’est qu’on veut s’en séparer, d’une manière ou d’une autre. Il faut être concret. Le deuxième point, c’est que si tous ces gens-là, blacks ou beurs, ou autres, on les enlève, est-ce qu’il va nous rester une division?
Erick Mombaerts: On ne veut pas les enlever! Les clubs pros, ils peuvent les prendre. Ils se répartissent! Là on parle des structures fédérales. Nous on travaille pour le football français, on ne travaille pas pour les sélections étrangères.
Francis Smerecki: Et en même temps que tu travailles pour le football français, tu travailles pour l’équipe de France et aussi pour les clubs. Le football français, c’est pas que l’équipe de France! Mais aujourd’hui, ceux-là, si on les enlève… je sais pas
si on a une division.
Laurent Blanc: Tu retournes l’argument!
Erick Mombaerts: Mais on veut pas les enlever. Ils vont dans les sections sportives élites (en milieu scolaire, ndlr).
Francis Smerecki: Je ne retourne pas l’argument. Je dis: première chose, c’est discriminatoire. Et si on enlève la totalité des gens qui peuvent choisir, pour une autre sélection (étrangère, ndlr) éventuellement, je ne sais pas si on a une division. Parce que quelque part, même s’ils vont jouer dans un autre pays, il y a des clubs de Ligue 2 qui vivent avec ces joueurs-là.
(… un des participants rappelle qu’il y a « 300 joueurs français » formés dans l’Hexagone qui jouent dans des clubs étrangers. Laurent Blanc revient, insistant, sur les critères de sélection des jeunes…)
Laurent Blanc: Là, on parle d’enfants de 12 ans, 13 ans ou 14 ans.
Francis Smerecki: Tu peux pas dire à des gens de troisième génération, qui sont nés sur notre sol… Un gamin qui va jouer, je sais pas, pour la Libye ou pour la Guinée, s’il a le choix, si tu le prends (en équipe de France, ndlr), il va aller avec toi, Laurent. Il ne va pas aller là-bas.
Erick Mombaerts: S’il te plaît. Moi je vais prendre le problème à l’envers. Quand on parle des structures, c’est aussi la place qu’ils prennent. Moi ce qui m’intéresse c’est que le jeune qui va jouer pour l’équipe de France puisse être en équipe de France de jeunes.
Francis Smerecki: Ecoute, moi, ce qui me gêne sur le fond, c’est (qu’il y a) celui qui a la possibilité d’être français-français et d’aller avec Laurent, et celui, parce qu’il n’a pas assez d’aptitudes et de talent pour aller avec Laurent et qui va aller dans un autre pays, et c’est celui-là que vous voudriez éliminer. C’est impossible.
François Blaquart: C’est pas forcément l’éliminer.
Francis Smerecki: Le limiter? Ça veut dire que vous allez garder lesquels? Les blancs? Les moins bons?
Erick Mombaerts: Ça ne te choque pas que l’INF ait sorti quatre internationaux français et 26 internationaux
étrangers? Est-ce qu’on peut pas basculer un petit peu. Basculer.
Francis Smerecki: Attends, vous allez pas prendre « Dédé » pour plus con qu’il l’est. Les bons jeunes blancs, s’il avait eu un jeune talentueux blanc, il aurait pris, non?
(… près d’une heure plus tard, le sélectionneur des Bleus reprend la parole pour relancer le débat sur ces thèmes…).
Laurent Blanc: On veut pas éliminer les étrangers, pas du tout, mais faire en sorte que les pôles Espoirs ou les pôles de la DTN testent sur des critères mieux définis pour pouvoir attirer d’autres personnes, parce que si on a toujours les mêmes critères, y aura toujours les mêmes personnes. Et plus ça va, plus ça va être encore davantage. Parce que je suis sur les terrains tous les samedis, je vois quelques centres de formation: on a l’impression qu’on forme vraiment le même prototype de joueurs: grands, costauds, puissants. Qu’est-ce qu’il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les blacks. Et c’est comme ça. C’est un fait actuel. Dieu sait que dans les centres de formation, dans les écoles de football, ben y en a beaucoup. Je crois qu’il faut recentrer, surtout pour des garçons de 13-14 ans, 12-13 ans, avoir d’autres critères, modifiés avec notre propre culture. Je vais vous citer les Espagnols: ils n’ont pas ces problèmes-là. Ils ont des critères de jeu qui sont très précis, à 12-13 ans.
Erick Mombaerts: C’est ça le projet.
Laurent Blanc: Avec notre culture, notre histoire, etc. Les Espagnols, ils m’ont dit: « Nous, on n’a pas de problème. Nous, des blacks, on n’en a pas. »
Erick Mombaerts: Mais Laurent, le phénomène que tu évoques, c’est tellement ancré chez nous que les petits gabarits blancs qui sont dans les pôles Espoirs, les clubs pro me les laissent sur les bras. Ils ne les prennent pas, n’importe comment, même si c’est des bons joueurs!
Laurent Blanc: Les clubs ils auront toujours leurs critères de sélection. Ça tu pourras pas… Même si en formant des éducateurs, tu vas pouvoir peut-être à la longue changer un petit peu les choses, ou influencer un peu. Mais c’est surtout dans les pôles qu’il faut avoir ces critères-là. Un participant sort de ses gonds et rappelle qu’un bon joueur est efficace quelle que soit sa couleur de peau, rouge ou blanche, sa taille, grande ou petite.
Laurent Blanc: Oui, mais en ce moment tu n’as pas le choix puisque tu as toujours le même stéréotype de joueurs, tu exagères. Je vois les centres de formation, je les vois de Bordeaux, des cités, et tu as toujours le même stéréotype de joueurs, je suis désolé ! Tu vas aller au centre de formation de Bordeaux, tu vas prendre les joueurs, mais des petits bons joueurs, tu n’en auras pas. Donc il faut inciter.
Erick Mombaerts: Est-ce qu’on peut essayer de proposer avant la fin de l’année un projet, quelque chose de différent, bon pas fondamentalement différent, mais qui va être force de projet. Dire: voilà on va s’attaquer à ça. Bon, on a compris aussi qu’on a besoin d’ouverture, de proposer quelque chose et qu’on peut s’attaquer à quelques croyances bien établies, notamment le jeu, hein, le jeu, au détriment peut-être de l’individu. Mais le jeu, forcément,
ça va être d’intégrer d’autres types de joueurs. Parce que le jeu, c’est l’intelligence, donc c’est d’autres types de joueurs. Donc tout est lié, tout est lié!
Source: Mediapart
Samedi 30 avril à 16h42
manbu (3807)
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Verbatim médiapart complet :
Erick Mombaerts: François (Blaquard, ndlr), ça mérite quand même
qu’on débatte, ne serait-ce que trois minutes. Tu as évoqué les statistiques sur les derniers résultats de l’Institut national du football (à Clairefontaine, ndlr): 4 internationaux A français (sélectionnés en équipe de France, ndlr), 26 internationaux étrangers. 20 ou 26….
Laurent Blanc: Ça, ça me choque.
Erick Mombaerts: Ça nous choque.
Laurent Blanc: Plus qu’autre chose.
Erick Mombaerts: Est-ce qu’on s’attelle au problème et on limite l’entrée du nombre de gamins qui peuvent changer de nationalité? Oui? Non? Donc, auquel cas, on est obligé de le faire sous le coude. C’est-à-dire on est obligé de le faire… Mais est-ce qu’il faut le faire. Je pense que tout le monde doit être concerné, là. Laurent, qu’est-ce que t’en penses?
Laurent Blanc: Moi j’y suis tout à fait favorable. Sincèrement, ça me dérange beaucoup. Ce qui se passe dans le football actuellement, ça me dérange beaucoup. A mon avis, il faut essayer de l’éradiquer. Et ça n’a aucune connotation raciste ou quoi que ce soit. Quand les gens portent les maillots de l’équipe nationale des 16 ans, 17 ans, 18 ans, 19 ans, 20 ans, Espoirs, et qu’après ils vont aller jouer dans des équipes nord-africaines ou africaines, ça me dérange énormément. Ça, il faut quand même le limiter. Je dis pas qu’on va l’éradiquer mais le limiter dans ces pôles-là…
Erick Mombaerts: Donc il faut 30%? Un tiers de gamins qui peuvent changer (de nationalité, ndlr)?
François Blaquart: Même pas.
Erick Mombaerts: Même pas ?
François Blaquart: Même pas. Faut faire un projet. Moi, j’ai dit à Gérard (Prêcheur, directeur de l’INF, ndlr) qu’on allait se voir pour le concours et qu’on limite. Qu’on soit beaucoup plus pertinent dans l’approche, y compris l’évaluation sur l’état d’esprit et ainsi de suite. Je dirais qu’on a des moyens pour le faire. Avec des 12 ans, on s’est aperçu que c’était plus difficile qu’avec des 15… Surtout, qu’on se donne quelques garanties! L’idéal effectivement, c’est de dire, mais pas officiellement: de toute façon on ne prend pas plus de tant de gamins qui sont susceptibles de changer (de nationalité, ndlr) à terme.
Laurent Blanc: Ou alors tu les fais passer par des critères différents de sélection. Il n’y a qu’à voir les centres de formation. Même le pôle Paris. Tu vois toujours les mêmes gens parce qu’ils répondent toujours aux mêmes critères de sélection.
François Blaquart: On peut baliser, en non-dit, sur une espèce de quota. Mais il ne faut pas que ce soit dit. Ça reste vraiment que de l’action propre. Bon voilà, on fait attention. On a les listes, à un moment donné…
Erick Mombaerts: Il faut qu’on s’attaque au problème, quand même!
Laurent Blanc: Moi c’est pas les gens de couleur qui me posent un problème. C’est pas les gens de couleur, c’est pas les gens nord-africains. Moi j’ai aucun problème avec eux. Mais le problème, c’est que ces gens-là doivent se déterminer et essayer qu’on les aide à se déterminer. S’il n’y a – et je parle crûment – que des blacks dans les pôles (de jeunes, ndlr) et que ces blacks-là se sentent français et veulent jouer en équipe de France, cela me va très bien.
Erick Mombaerts: Mais ça, on ne peut pas savoir à 13 ans, quand ils rentrent dans nos structures. On ne peut pas savoir. Ils vont te dire qu’ils se sentent français.
Laurent Blanc: Tu peux les aider à s’identifier…
François Blaquart: Il faut identifier. Parce que bon, c’est pas la couleur qui fait… Il y a des gens qui sont, de toutes façons et fondamentalement, de souche française.
Laurent Blanc: Mais bien sûr. Aussi français que toi et moi.
François Blaquart: Et puis la deuxième chose, je rejoins ce que dit Laurent: sur l’état d’esprit, il faut effectivement gratter un peu…
Erick Mombaerts: Oui, enfin ça va pas être simple. Je crois qu’il vaut mieux s’auto-limiter. Il y a bien des clubs comme Lyon (l’Olympique lyonnais, ndlr) qui le font dans leur centre de formation. Ils le font systématiquement. J’étais à Marseille là. Et Henri Stambouli (le patron du centre de formation de l’OM, ndlr) le met en place sur Marseille. Pareil, ils vont limiter le nombre. Voilà. Les clubs, ça y est, ils sont en train de réfléchir. Et ils vont le mettre en place aussi. Ils le supportent plus
Francis Smerecki: J’entends bien, mais si on enlève tous ces gens-là ? ! Si le mec a envie d’être international, c’est quand même normal qu’il aille vers un pays où il va pouvoir jouer. Je pense que c’est humain quand même. T’as été joueur de très haut niveau, Laurent. Si tu n’avais pas pu jouer en équipe de France…
Laurent Blanc: J’aurais pas demandé à jouer ailleurs. C’est aussi simple que ça.
Francis Smerecki: Non mais y en a. Et on peut reconnaître que c’est humain de vouloir jouer.
Laurent Blanc: Je le reconnais. Mais il ne faut pas que ce soit tous les joueurs qui puissent faire ça. Parce que tous les blacks, si tu enlèves les Antillais, ils ont des origines africaines. Donc, africaines, ils vont pouvoir aller dans une équipe africaine.
Francis Smerecki: Les Polonais, quand on est arrivé, on était blanc, et puis la France a eu cette influence polonaise. Et puis ça nous a quand même servis. Aujourd’hui, les règlements ont évolué. Les blacks aujourd’hui, parce que ça a été l’Afrique, et on est fautifs quand même parce qu’on a été les chercher quelque part par wagons entiers. Et aujourd’hui, on voudrait s’en séparer?
Laurent Blanc: J’ai pas dit s’en séparer.
Francis Smerecki: Ben si, quelque part, puisque certains avancent le nombre de 30%. C’est qu’on veut s’en séparer, d’une manière ou d’une autre. Il faut être concret. Le deuxième point, c’est que si tous ces gens-là, blacks ou beurs, ou autres, on les enlève, est-ce qu’il va nous rester une division?
Erick Mombaerts: On ne veut pas les enlever! Les clubs pros, ils peuvent les prendre. Ils se répartissent! Là on parle des structures fédérales. Nous on travaille pour le football français, on ne travaille pas pour les sélections étrangères.
Francis Smerecki: Et en même temps que tu travailles pour le football français, tu travailles pour l’équipe de France et aussi pour les clubs. Le football français, c’est pas que l’équipe de France! Mais aujourd’hui, ceux-là, si on les enlève… je sais pas
si on a une division.
Laurent Blanc: Tu retournes l’argument!
Erick Mombaerts: Mais on veut pas les enlever. Ils vont dans les sections sportives élites (en milieu scolaire, ndlr).
Francis Smerecki: Je ne retourne pas l’argument. Je dis: première chose, c’est discriminatoire. Et si on enlève la totalité des gens qui peuvent choisir, pour une autre sélection (étrangère, ndlr) éventuellement, je ne sais pas si on a une division. Parce que quelque part, même s’ils vont jouer dans un autre pays, il y a des clubs de Ligue 2 qui vivent avec ces joueurs-là.
(… un des participants rappelle qu’il y a « 300 joueurs français » formés dans l’Hexagone qui jouent dans des clubs étrangers. Laurent Blanc revient, insistant, sur les critères de sélection des jeunes…)
Laurent Blanc: Là, on parle d’enfants de 12 ans, 13 ans ou 14 ans.
Francis Smerecki: Tu peux pas dire à des gens de troisième génération, qui sont nés sur notre sol… Un gamin qui va jouer, je sais pas, pour la Libye ou pour la Guinée, s’il a le choix, si tu le prends (en équipe de France, ndlr), il va aller avec toi, Laurent. Il ne va pas aller là-bas.
Erick Mombaerts: S’il te plaît. Moi je vais prendre le problème à l’envers. Quand on parle des structures, c’est aussi la place qu’ils prennent. Moi ce qui m’intéresse c’est que le jeune qui va jouer pour l’équipe de France puisse être en équipe de France de jeunes.
Francis Smerecki: Ecoute, moi, ce qui me gêne sur le fond, c’est (qu’il y a) celui qui a la possibilité d’être français-français et d’aller avec Laurent, et celui, parce qu’il n’a pas assez d’aptitudes et de talent pour aller avec Laurent et qui va aller dans un autre pays, et c’est celui-là que vous voudriez éliminer. C’est impossible.
François Blaquart: C’est pas forcément l’éliminer.
Francis Smerecki: Le limiter? Ça veut dire que vous allez garder lesquels? Les blancs? Les moins bons?
Erick Mombaerts: Ça ne te choque pas que l’INF ait sorti quatre internationaux français et 26 internationaux
étrangers? Est-ce qu’on peut pas basculer un petit peu. Basculer.
Francis Smerecki: Attends, vous allez pas prendre « Dédé » pour plus con qu’il l’est. Les bons jeunes blancs, s’il avait eu un jeune talentueux blanc, il aurait pris, non?
(… près d’une heure plus tard, le sélectionneur des Bleus reprend la parole pour relancer le débat sur ces thèmes…).
Laurent Blanc: On veut pas éliminer les étrangers, pas du tout, mais faire en sorte que les pôles Espoirs ou les pôles de la DTN testent sur des critères mieux définis pour pouvoir attirer d’autres personnes, parce que si on a toujours les mêmes critères, y aura toujours les mêmes personnes. Et plus ça va, plus ça va être encore davantage. Parce que je suis sur les terrains tous les samedis, je vois quelques centres de formation: on a l’impression qu’on forme vraiment le même prototype de joueurs: grands, costauds, puissants. Qu’est-ce qu’il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les blacks. Et c’est comme ça. C’est un fait actuel. Dieu sait que dans les centres de formation, dans les écoles de football, ben y en a beaucoup. Je crois qu’il faut recentrer, surtout pour des garçons de 13-14 ans, 12-13 ans, avoir d’autres critères, modifiés avec notre propre culture. Je vais vous citer les Espagnols: ils n’ont pas ces problèmes-là. Ils ont des critères de jeu qui sont très précis, à 12-13 ans.
Erick Mombaerts: C’est ça le projet.
Laurent Blanc: Avec notre culture, notre histoire, etc. Les Espagnols, ils m’ont dit: « Nous, on n’a pas de problème. Nous, des blacks, on n’en a pas. »
Erick Mombaerts: Mais Laurent, le phénomène que tu évoques, c’est tellement ancré chez nous que les petits gabarits blancs qui sont dans les pôles Espoirs, les clubs pro me les laissent sur les bras. Ils ne les prennent pas, n’importe comment, même si c’est des bons joueurs!
Laurent Blanc: Les clubs ils auront toujours leurs critères de sélection. Ça tu pourras pas… Même si en formant des éducateurs, tu vas pouvoir peut-être à la longue changer un petit peu les choses, ou influencer un peu. Mais c’est surtout dans les pôles qu’il faut avoir ces critères-là. Un participant sort de ses gonds et rappelle qu’un bon joueur est efficace quelle que soit sa couleur de peau, rouge ou blanche, sa taille, grande ou petite.
Laurent Blanc: Oui, mais en ce moment tu n’as pas le choix puisque tu as toujours le même stéréotype de joueurs, tu exagères. Je vois les centres de formation, je les vois de Bordeaux, des cités, et tu as toujours le même stéréotype de joueurs, je suis désolé ! Tu vas aller au centre de formation de Bordeaux, tu vas prendre les joueurs, mais des petits bons joueurs, tu n’en auras pas. Donc il faut inciter.
Erick Mombaerts: Est-ce qu’on peut essayer de proposer avant la fin de l’année un projet, quelque chose de différent, bon pas fondamentalement différent, mais qui va être force de projet. Dire: voilà on va s’attaquer à ça. Bon, on a compris aussi qu’on a besoin d’ouverture, de proposer quelque chose et qu’on peut s’attaquer à quelques croyances bien établies, notamment le jeu, hein, le jeu, au détriment peut-être de l’individu. Mais le jeu, forcément,
ça va être d’intégrer d’autres types de joueurs. Parce que le jeu, c’est l’intelligence, donc c’est d’autres types de joueurs. Donc tout est lié, tout est lié!
Source: Mediapart
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Re: Soupçons de racisme dans le foot français
Francis SMERECKI, l'empêcheur de tourner rond...La puce sous le pied de Laurent Blanc à cette fameuse réunion...
Francis Smerecki: Ecoute, moi, ce qui me gêne sur le fond, c’est (qu’il y a) celui qui a la possibilité d’être français-français et d’aller avec Laurent, et celui, parce qu’il n’a pas assez d’aptitudes et de talent pour aller avec Laurent et qui va aller dans un autre pays, et c’est celui-là que vous voudriez éliminer. C’est impossible.
Francis Smerecki: Ecoute, moi, ce qui me gêne sur le fond, c’est (qu’il y a) celui qui a la possibilité d’être français-français et d’aller avec Laurent, et celui, parce qu’il n’a pas assez d’aptitudes et de talent pour aller avec Laurent et qui va aller dans un autre pays, et c’est celui-là que vous voudriez éliminer. C’est impossible.
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Re: Soupçons de racisme dans le foot français
ilunga herita peut en témoignerDu côté des binationaux eux-mêmes, deux arguments sont développés. Le premier a trait à l'origine. Le site rapporte ainsi les propos de Marouane Chamakh, joueur de l'équipe marocaine : "Je savais combien cela serait important pour mes parents et je suis fier d'avoir déjà disputé cinquante rencontres pour le Maroc. Je voulais garder ce lien avec mes origines." Pour le Monde.fr, le second argument est stratégique : "D'un strict point de vue économique, un joueur a tout intérêt à jouer pour une équipe nationale : le fait d'être international lui permet d'augmenter sa valeur sur le marché des transferts."
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lola ghislain
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Re: Soupçons de racisme dans le foot français
Ekweyi oh, le DTN F.Blaquart est suspendu avec effet immédiat,dans 8 jours on saura après enquête si sa suspension sera définitive!!!
A l'allure où vont les choses dans vos pays d'adoption,sa politique de geste est consternant,voilà pourquoi,MVUEMBA,KITAMBALA,NZONZI,NZOGBIA,NGOYI,MUAMBA,LITA et autres... vous êtes des bana Kongo,des enfants prodiges,la porte de l'EN du KONGO est grandement ouverte pour vous!
A l'allure où vont les choses dans vos pays d'adoption,sa politique de geste est consternant,voilà pourquoi,MVUEMBA,KITAMBALA,NZONZI,NZOGBIA,NGOYI,MUAMBA,LITA et autres... vous êtes des bana Kongo,des enfants prodiges,la porte de l'EN du KONGO est grandement ouverte pour vous!
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Re: Soupçons de racisme dans le foot français
Erick Ross a écrit :Nzonziviewtopic.php?f=11&t=285&hilit=nzonzi
Makengohttp://www.z-74.com/index.php/actualite ... rview.html
Ekokohttp://www.rfi.fr/afrique-foot/20101125 ... u-trop-tot
Kitambala : Leo-243, saurais-tu retrouver l'interview, STP ? (Avec Landry et Youssouf)
Est-ce si compliqué de lire entre les lignes ?
J'espère au moins qu'on s'est compris. Faut pas se réjouir de ce genre de scandale car on ne va pas forcément gagner quelque chose. C'est à nous de faire de sérieux efforts au si bien au niveau des gars du bled (centres de formation) et au niveau du projet qu'on propose aux mikilistes. Ce n'est que comme ça qu'ils viendront massivement et qu'on redeviendra une grande nation de football. Mais s'il faut jubiler parce que la France veut limiter le nombre de black en EN en pensant qu'ainsi on va récupérer massivement des joueurs alors là vous vous mettez le doigt dans l'oeil. La Belgique est absente des grandes compétitions depuis presque 10 ans, ça ne les a pas empêché de récupérer plusieurs joueurs d'origine congolaise au nez et à la barbe de la RDC...
Merci Erick,
Tres souvent on lit sur ce site des arguments selon lequel les gens tels que Mavuba regrette aujourdh'ui de n'avoir pas choisi la RDC. Ma question a toujours etait de savoir que ce qui nous dit que ces gens (Mavuba et consort) regrettent de ne pas avoir choisi la RDC? Peut etre qu'ils n'ont meme pas la selection de la RDC en tete bien que rejetter par leur pays d'accueil.
Kembo
Modifié en dernier par kembo le 30 avr. 2011, 16:11, modifié 1 fois.
Antoine Bell l'a dit "le parcour footbalistic de Leroy fut inconnu avant le Cameroun. On ne sait non plus ce qu'il est devenu apres le Cameroun"
Le Cameroun a donne un nom a Leroy et pas l'inverse
TOBOYI LOKUTA
Le Cameroun a donne un nom a Leroy et pas l'inverse
TOBOYI LOKUTA
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lola ghislain
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Re: Soupçons de racisme dans le foot français
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Ilunga
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Re: Soupçons de racisme dans le foot français
Tempête raciale sur le football français
Samedi 30 Avril 2011 - 15:50
Tempête raciale sur le football français
La rumeur de quotas ethniques au sein de l'équipe de France déchaîne les passions, dans un contexte français délétère marqué par la montée en puissance du Front national et des débats récurrents sur l’échec de l’intégration des populations d’origine africaine.
L’affaire n’étonnera aucun de ceux qui suivent le football français —avec un œil particulièrement attentif à l’évolution des joueurs d’origine maghrébine ou subsaharienne. Jeudi 28 avril 2011, le site Mediapart (payant) a jeté un pavé dans la mare en affirmant que la Fédération française de football (FFF) entendait mettre en place des quotas ethniques pour réduire le nombre de noirs et de maghrébins dans ses équipes. Des instructions discrètes auraient été données pour que cette ségrégation qui ne dit pas son nom intervienne en amont, dans les centres de formation qui recrutent de jeunes adolescents.
«Oui, il faut des espèces de quotas, mais il ne faut pas que cela soit dit», aurait ainsi affirmé François Blaquart, fraîchement nommé à la tête de la direction technique nationale (DTN), lors d’une réunion avec d’autres membres de la DTN. Encore plus grave, Laurent Blanc, le sélectionneur de l’équipe de France, aurait été très en pointe sur le dossier, suggérant que les critères de sélection soient d’ores et déjà modifiés pour les 12-13 ans, en prenant en compte «la culture et l’histoire» française et en donnant l’exemple de l’Espagne, championne du monde en 2010 et d’Europe en 2008.
«Les Espagnols, ils disent: "Nous, on n’a pas de problèmes. Des blacks, on n’en a pas"», aurait même précisé celui qui fut l’un des piliers de la fameuse équipe «black-blanc-beur», championne du monde en 1998.
Un climat délétère
Précisons d’abord que Laurent Blanc a catégoriquement démenti les propos qu’on lui attribue tandis que Chantal Jouanno, ministre française des Sports, a décidé de mettre à disposition de la FFF «une mission de l'inspection générale de la jeunesse et des sports afin de l'aider à faire toute la lumière» sur cette affaire. De même, plusieurs voix se sont élevées au sein de la FFF pour dénoncer les écrits de Mediapart. Il n’empêche. Le scandale est là et les passions se déchaînent déjà, dans un contexte français délétère marqué par la montée en puissance du Front national et des débats récurrents sur l’échec de l’intégration des populations d’origine africaine.
Interrogé par le quotidien français L’Equipe, Lilian Thuram, ancien international et coéquipier de Laurent Blanc, s’est dit quant à lui «abasourdi» par ces révélations. «C’est tout un monde qui s’écroule», a-t-il ajouté avant de faire part de son intention de s’entretenir au plus tôt avec les journalistes de Mediapart et les dirigeants de la FFF.
Relevons au passage que ces révélations —si elles se confirment— font écho à de nombreux propos plus ou moins récents sur l’omniprésence de joueurs noirs en équipe de France. On se souvient de Jean-Marie Le Pen affirmant durant le championnat d’Europe des nations en 1996 qu’il était «artificiel que l'on fasse venir des joueurs de l'étranger en les baptisant équipe de France».
De son côté, feu Georges Frêche, alors président de la région Languedoc-Roussillon, avait provoqué en novembre 2006 une polémique nationale en déclarant qu’il y avait «trop de "blacks" dans l’équipe de France». Rappelons aussi les propos ironiques du philosophe Alain Finkelkraut, lors d’un entretien accordé en novembre 2005 au quotidien israélien Haaretz, sur une équipe de France «black-black-black» qui ferait de l’Hexagone «la risée de l’Europe»
Il faut dire que ces idées sont loin d’être minoritaires. Depuis plusieurs années, l’idée que la France du football fait fausse route en privilégiant le recrutement de jeunes des cités —en l’occurrence des noirs et des arabes— s’est répandue dans les tribunes et les zincs. La déroute des Bleus lors du Mondial de football en Afrique du Sud l’été dernier a renforcé ce sentiment, notamment après la grève de l’entraînement des joueurs le 20 juin 2010. Souvenons-nous des propos d’alors. «Caïds de banlieues», «enfants immatures», «voyous millionnaires»…
A ce jour, la fameuse «grève de Knysna» est utilisée par certains, qu’il s’agisse d’hommes politiques, d’intellectuels ou même de journalistes, pour démontrer le manque de loyauté des joueurs de l’équipe de France issus des quartiers, qu’ils soient noirs, arabes ou, tout simplement, Français de souche mais convertis à l’islam.
La politique des centres de formation en question
Il donc est évident que le football français cristallise les tensions raciales —appelons un chat un chat— qui minent de plus en plus la société française. Mais, sans relativiser la gravité du sujet, il faut tout de même analyser quelques éléments à l’origine de la polémique née de l’article de Mediapart. Le premier concerne le modèle qui façonne les politiques de recrutement des centres de formation du football français. Longtemps loué et envié par ses pairs européens, notamment après 1998, ce dernier semble désormais être otage de ses contradictions. Ce n’est faire insulte à personne que de dire que le recrutement concerne beaucoup les enfants des cités, et donc des noirs et des arabes. Mais comme l’explique le sociologue Stéphane Beaud, la grille de lecture ne doit pas être raciale.
«Les milieux populaires ont toujours été l’un des principaux vivier du football français. Il n’y a donc pas de surprise à ce que les enfants des cités soient les plus concernés par le recrutement des centres de formation.»
Auteur d’un ouvrage très complet sur la sociologie du football français (Traîtres à la nation? Un autre regard sur la grève des Bleus, en collaboration avec Philippe Guimard, La Découverte, mars 2011) cet expert fait partie de ceux qui invitent à une lecture sociale des événements de Knysna mais aussi des rapports de force —et de classe— qui peuvent exister au sein de la grande famille du football français.
De nombreux centres de formation estiment que leur intérêt est de recruter des joueurs aptes à être «vendus» à des grands clubs. Cela signifie qu’il leur faut tenir compte de la demande hexagonale mais aussi internationale. Et dans ce registre, la réputation française est que son système de formation produit des joueurs costauds —des défenseurs, des milieux de terrains ou des attaquants— rugueux et athlétiques.
L’omniprésence de jeunes joueurs d’origine subsaharienne ou antillaise dans les centres de formation n’est donc pas le fruit du hasard. Elle relève de la volonté du football français de «produire» un certain type de joueur capable d’attirer l’attention des recruteurs européens. Et tous les amoureux du ballon rond l’admettront: à quelques exceptions près, un gabarit semblable à celui de Giresse —ou même de Platini ou de Bravo— aurait du mal aujourd’hui à trouver une place en centre de formation.
Il reste donc à savoir si c’est cette problématique «technique» que la FFF et Laurent Blanc ont abordé; celle de la nécessaire diversification du recrutement —dont l’une des conséquences serait effectivement de réduire le nombre de joueurs d’origine africaine— ou s’il s’agit de considérations uniquement raciales.
Un problème relationnel
Le second élément concerne la difficulté qu’éprouvent les éducateurs et les entraîneurs face aux jeunes issus des cités, dont les codes de conduite désarçonnent. On se souvient que Raymond Domenech avait exclu trois joueurs d’origine maghrébine de sa sélection pour l’Afrique du Sud. Benzema, Nasri et Ben Arfa, trois grands joueurs de talent, n’avaient pas été retenus et l’affaire avait enflammé la blogosphère —de nombreux internautes jugeant que cette non-sélection était un acte purement raciste. Une explication que ne retient pas Stéphane Beaud.
«On peut dire beaucoup de choses de Raymond Domenech, mais pas qu’il est raciste, explique-t-il à SlateAfrique. Je pense qu’il n’a pas sélectionné ces trois joueurs parce qu’il ne voulait pas de fortes têtes, de joueurs qui lui tiennent tête et qu’il aurait eu du mal à manœuvrer.»
Un chapitre de l’ouvrage du sociologue consacré à l’évolution des enfants d’immigrés dans le football français permet de réaliser pourquoi nombre d’entraîneurs français —et Laurent Blanc ne doit pas échapper à la règle— ont du mal à comprendre et à gérer les dernières générations des enfants issus des cités. Dès lors, la tentation du «quota», qu’elle soit assumée ou non, consciente ou non, s’explique aussi par une volonté de renouer avec un ordre ancien. Celui où le footballeur issu des milieux populaires portait en lui des valeurs rassurantes: humilité, respect des aînés, politesse, dévouement au club, volonté de ne vivre que pour et par le football…
Des valeurs, explique Stéphane Beaud que l’on retrouvait dans la fameuse équipe de 1998 qui, selon lui, ne méritait pas son label de «black-blanc-beur».
«Force est de constater que ce slogan rassembleur repris sans cesse depuis 1998 était largement trompeur car il occultait deux faits majeurs: d’une part, la faible part des enfants d’immigrés —au sens sociologique du terme— dans cette équipe; d’autre part, la surreprésentation des enfants des classes populaires (au sens large du terme)», relève-t-il.
Et de montrer ensuite qu’à «travers l’équipe des Bleus de 1998, c’est en quelque sorte la France ouvrière et rurale des Trente Glorieuses qui vit ses derniers feux en donnant à l’équipe nationale ses plus beaux produits». A l’inverse, l’équipe de 2010, celle de la grève de Knysna et des insultes d’Anelka à l’encontre de Domenech, était quant à elle traversée par une «fracture sociale invisible». D’un côté, des joueurs issus de milieux plus ou moins favorisés —ou du moins appartenant à la partie supérieure des classes populaires— et, de l’autre, des enfants de cités.
«La comparaison des deux équipes de France 1998 et 2010 indique clairement que la force de l’équipe championne du monde tenait aussi à la relative homogénéité de son recrutement social (des enfants issus des petites classes moyennes et des classes populaires) alors que celle du Mondial en Afrique du Sud apparaît beaucoup plus clivée socialement», précise le sociologue.
La question des joueurs binationaux
L’article de Mediapart met en exergue un troisième élément qui agite de manière récurrente le football français. Il s’agit des jeunes joueurs qui, formés dans des centres français, finissent par opter pour d’autres équipes nationales. Philippe Tournon, chef de presse de l’équipe de France et porte-parole du sélectionneur, s’en est expliqué dans les colonnes de L’Equipe.
«La seule chose que Laurent Blanc ait évoqué, c’est le problème de la formation, s’insurge-t-il. On se retrouve à former des jeunes qui ensuite vont jouer pour des sélections étrangères; c’est un problème, mais résumer cela à: "à la Fédération, on pense qu’il y a trop de noirs ou trop d’arabes", c’est n’importe quoi.»
Là aussi, on le voit, l’espace entre volonté rationnelle de défendre les intérêts de l’équipe de France et motivations ségrégationnistes est très mince. On peut aisément comprendre la colère du sélectionneur qui apprend que tel ou tel joueur —qui a souvent joué pour les espoirs français ou les moins de seize ans— a finalement décidé d’opter pour l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, le Sénégal ou la Côte d’Ivoire, pour ne citer que ces pays.
Le raisonnement de Laurent Blanc peut paraître simpliste, mais les motivations qui le sous-tendent sont facilement compréhensibles. Si on réduit le nombre de binationaux (des noirs et des arabes pour ce qui concerne le football) dans les centres de formation, on réduit mécaniquement les risques de fuite de ces talents. Sauf que l’affaire est plus compliquée que cela. Et, là aussi, la lecture du livre de Stéphane Beaud s’avère précieuse.
Dans un chapitre qui traite justement du retour des joueurs binationaux vers les équipes des pays d’origine, le sociologue montre que les raisons d’un tel mouvement sont multiples. Et, parmi elles, le sentiment d’attachement au pays du père ou du grand-père n’est peut-être pas le plus important.
Ainsi, si l’on prend le cas de l’équipe nationale algérienne —composée dans sa presque totalité d’enfants d’immigrés— la motivation est souvent liée au fait que le football français n’a pas donné leur chance à ces joueurs, ou que ces derniers s’estimaient négligés voire discriminés malgré leur talent. En somme, dans plusieurs cas, les centres français forment des joueurs d’origine maghrébine ou africaine qui ont par la suite du mal à s’imposer dans les grands clubs et en équipe de France, et cela pas uniquement pour des raisons sportives. N’est pas Zidane ou Nasri qui veut, et, dès lors, jouer pour l’équipe nationale du pays d’origine prend l’allure d’une compensation, mais aussi d’une revanche.
Mais en mettant cette question sur la table, Laurent Blanc a pris un risque. Dans la mesure où tous les joueurs formés dans les centres de formation de l’Hexagone ne seront pas sélectionnés en équipe de France, quel problème y a-t-il à voir certains d’entre eux aller offrir leurs services ailleurs? Cela contribue à renforcer les liens entre la France et le pays d’origine.
A titre d’exemple, les binationaux franco-algériens font bien plus pour le rapprochement entre la France et l’Algérie que les hommes politiques des deux pays. De plus, ce mouvement, qui profite parfois à la France comme l’a montré le cas Trezeguet (qui aurait très bien pu jouer pour l’équipe d’Argentine) peut aussi être considéré, écrit Stéphane Beaud, comme «une sorte de transfert intergénérationnel de compétences footballistiques (sur le modèle des transferts de technologie) au profit des pays du Sud qui ont alimenté en main-d’œuvre peu qualifiée» ceux du Nord. Et de citer les propos tenus par l’ancien sélectionneur algérien Rabah Saâdane dans L’Equipe magazine du 17 octobre 2009:
«Nous profitons d’enfants issus de l’immigration algérienne, produits de la formation française qui n’ont pas franchi le cap vers l’équipe de France. C’est un retour des choses assez amusant, vu que la France a profité de nos compatriotes partis travailler dans les usines et les chantiers dans les années 1950, 1960 et 1970.»
Une chose est sûre, cependant. Avec cette polémique, les feuilles de match du sélectionneur Laurent Blanc vont être scrutées à la loupe et les centres de formation vont devoir s’expliquer sur leurs critères de recrutement. Refuser la candidature d’un jeune adolescent d’origine maghrébine ou subsaharienne va devenir suspect, et c’est même la capacité intégratrice du football qui sera questionnée. Et de cela, il y a quelques risques que le football français ne sorte pas grandi, alors qu’il peine encore à retrouver son niveau des années 2000.
Akram Belkaïd (Slateafrique.com)
Samedi 30 Avril 2011 - 15:50
Tempête raciale sur le football français
La rumeur de quotas ethniques au sein de l'équipe de France déchaîne les passions, dans un contexte français délétère marqué par la montée en puissance du Front national et des débats récurrents sur l’échec de l’intégration des populations d’origine africaine.
L’affaire n’étonnera aucun de ceux qui suivent le football français —avec un œil particulièrement attentif à l’évolution des joueurs d’origine maghrébine ou subsaharienne. Jeudi 28 avril 2011, le site Mediapart (payant) a jeté un pavé dans la mare en affirmant que la Fédération française de football (FFF) entendait mettre en place des quotas ethniques pour réduire le nombre de noirs et de maghrébins dans ses équipes. Des instructions discrètes auraient été données pour que cette ségrégation qui ne dit pas son nom intervienne en amont, dans les centres de formation qui recrutent de jeunes adolescents.
«Oui, il faut des espèces de quotas, mais il ne faut pas que cela soit dit», aurait ainsi affirmé François Blaquart, fraîchement nommé à la tête de la direction technique nationale (DTN), lors d’une réunion avec d’autres membres de la DTN. Encore plus grave, Laurent Blanc, le sélectionneur de l’équipe de France, aurait été très en pointe sur le dossier, suggérant que les critères de sélection soient d’ores et déjà modifiés pour les 12-13 ans, en prenant en compte «la culture et l’histoire» française et en donnant l’exemple de l’Espagne, championne du monde en 2010 et d’Europe en 2008.
«Les Espagnols, ils disent: "Nous, on n’a pas de problèmes. Des blacks, on n’en a pas"», aurait même précisé celui qui fut l’un des piliers de la fameuse équipe «black-blanc-beur», championne du monde en 1998.
Un climat délétère
Précisons d’abord que Laurent Blanc a catégoriquement démenti les propos qu’on lui attribue tandis que Chantal Jouanno, ministre française des Sports, a décidé de mettre à disposition de la FFF «une mission de l'inspection générale de la jeunesse et des sports afin de l'aider à faire toute la lumière» sur cette affaire. De même, plusieurs voix se sont élevées au sein de la FFF pour dénoncer les écrits de Mediapart. Il n’empêche. Le scandale est là et les passions se déchaînent déjà, dans un contexte français délétère marqué par la montée en puissance du Front national et des débats récurrents sur l’échec de l’intégration des populations d’origine africaine.
Interrogé par le quotidien français L’Equipe, Lilian Thuram, ancien international et coéquipier de Laurent Blanc, s’est dit quant à lui «abasourdi» par ces révélations. «C’est tout un monde qui s’écroule», a-t-il ajouté avant de faire part de son intention de s’entretenir au plus tôt avec les journalistes de Mediapart et les dirigeants de la FFF.
Relevons au passage que ces révélations —si elles se confirment— font écho à de nombreux propos plus ou moins récents sur l’omniprésence de joueurs noirs en équipe de France. On se souvient de Jean-Marie Le Pen affirmant durant le championnat d’Europe des nations en 1996 qu’il était «artificiel que l'on fasse venir des joueurs de l'étranger en les baptisant équipe de France».
De son côté, feu Georges Frêche, alors président de la région Languedoc-Roussillon, avait provoqué en novembre 2006 une polémique nationale en déclarant qu’il y avait «trop de "blacks" dans l’équipe de France». Rappelons aussi les propos ironiques du philosophe Alain Finkelkraut, lors d’un entretien accordé en novembre 2005 au quotidien israélien Haaretz, sur une équipe de France «black-black-black» qui ferait de l’Hexagone «la risée de l’Europe»
Il faut dire que ces idées sont loin d’être minoritaires. Depuis plusieurs années, l’idée que la France du football fait fausse route en privilégiant le recrutement de jeunes des cités —en l’occurrence des noirs et des arabes— s’est répandue dans les tribunes et les zincs. La déroute des Bleus lors du Mondial de football en Afrique du Sud l’été dernier a renforcé ce sentiment, notamment après la grève de l’entraînement des joueurs le 20 juin 2010. Souvenons-nous des propos d’alors. «Caïds de banlieues», «enfants immatures», «voyous millionnaires»…
A ce jour, la fameuse «grève de Knysna» est utilisée par certains, qu’il s’agisse d’hommes politiques, d’intellectuels ou même de journalistes, pour démontrer le manque de loyauté des joueurs de l’équipe de France issus des quartiers, qu’ils soient noirs, arabes ou, tout simplement, Français de souche mais convertis à l’islam.
La politique des centres de formation en question
Il donc est évident que le football français cristallise les tensions raciales —appelons un chat un chat— qui minent de plus en plus la société française. Mais, sans relativiser la gravité du sujet, il faut tout de même analyser quelques éléments à l’origine de la polémique née de l’article de Mediapart. Le premier concerne le modèle qui façonne les politiques de recrutement des centres de formation du football français. Longtemps loué et envié par ses pairs européens, notamment après 1998, ce dernier semble désormais être otage de ses contradictions. Ce n’est faire insulte à personne que de dire que le recrutement concerne beaucoup les enfants des cités, et donc des noirs et des arabes. Mais comme l’explique le sociologue Stéphane Beaud, la grille de lecture ne doit pas être raciale.
«Les milieux populaires ont toujours été l’un des principaux vivier du football français. Il n’y a donc pas de surprise à ce que les enfants des cités soient les plus concernés par le recrutement des centres de formation.»
Auteur d’un ouvrage très complet sur la sociologie du football français (Traîtres à la nation? Un autre regard sur la grève des Bleus, en collaboration avec Philippe Guimard, La Découverte, mars 2011) cet expert fait partie de ceux qui invitent à une lecture sociale des événements de Knysna mais aussi des rapports de force —et de classe— qui peuvent exister au sein de la grande famille du football français.
De nombreux centres de formation estiment que leur intérêt est de recruter des joueurs aptes à être «vendus» à des grands clubs. Cela signifie qu’il leur faut tenir compte de la demande hexagonale mais aussi internationale. Et dans ce registre, la réputation française est que son système de formation produit des joueurs costauds —des défenseurs, des milieux de terrains ou des attaquants— rugueux et athlétiques.
L’omniprésence de jeunes joueurs d’origine subsaharienne ou antillaise dans les centres de formation n’est donc pas le fruit du hasard. Elle relève de la volonté du football français de «produire» un certain type de joueur capable d’attirer l’attention des recruteurs européens. Et tous les amoureux du ballon rond l’admettront: à quelques exceptions près, un gabarit semblable à celui de Giresse —ou même de Platini ou de Bravo— aurait du mal aujourd’hui à trouver une place en centre de formation.
Il reste donc à savoir si c’est cette problématique «technique» que la FFF et Laurent Blanc ont abordé; celle de la nécessaire diversification du recrutement —dont l’une des conséquences serait effectivement de réduire le nombre de joueurs d’origine africaine— ou s’il s’agit de considérations uniquement raciales.
Un problème relationnel
Le second élément concerne la difficulté qu’éprouvent les éducateurs et les entraîneurs face aux jeunes issus des cités, dont les codes de conduite désarçonnent. On se souvient que Raymond Domenech avait exclu trois joueurs d’origine maghrébine de sa sélection pour l’Afrique du Sud. Benzema, Nasri et Ben Arfa, trois grands joueurs de talent, n’avaient pas été retenus et l’affaire avait enflammé la blogosphère —de nombreux internautes jugeant que cette non-sélection était un acte purement raciste. Une explication que ne retient pas Stéphane Beaud.
«On peut dire beaucoup de choses de Raymond Domenech, mais pas qu’il est raciste, explique-t-il à SlateAfrique. Je pense qu’il n’a pas sélectionné ces trois joueurs parce qu’il ne voulait pas de fortes têtes, de joueurs qui lui tiennent tête et qu’il aurait eu du mal à manœuvrer.»
Un chapitre de l’ouvrage du sociologue consacré à l’évolution des enfants d’immigrés dans le football français permet de réaliser pourquoi nombre d’entraîneurs français —et Laurent Blanc ne doit pas échapper à la règle— ont du mal à comprendre et à gérer les dernières générations des enfants issus des cités. Dès lors, la tentation du «quota», qu’elle soit assumée ou non, consciente ou non, s’explique aussi par une volonté de renouer avec un ordre ancien. Celui où le footballeur issu des milieux populaires portait en lui des valeurs rassurantes: humilité, respect des aînés, politesse, dévouement au club, volonté de ne vivre que pour et par le football…
Des valeurs, explique Stéphane Beaud que l’on retrouvait dans la fameuse équipe de 1998 qui, selon lui, ne méritait pas son label de «black-blanc-beur».
«Force est de constater que ce slogan rassembleur repris sans cesse depuis 1998 était largement trompeur car il occultait deux faits majeurs: d’une part, la faible part des enfants d’immigrés —au sens sociologique du terme— dans cette équipe; d’autre part, la surreprésentation des enfants des classes populaires (au sens large du terme)», relève-t-il.
Et de montrer ensuite qu’à «travers l’équipe des Bleus de 1998, c’est en quelque sorte la France ouvrière et rurale des Trente Glorieuses qui vit ses derniers feux en donnant à l’équipe nationale ses plus beaux produits». A l’inverse, l’équipe de 2010, celle de la grève de Knysna et des insultes d’Anelka à l’encontre de Domenech, était quant à elle traversée par une «fracture sociale invisible». D’un côté, des joueurs issus de milieux plus ou moins favorisés —ou du moins appartenant à la partie supérieure des classes populaires— et, de l’autre, des enfants de cités.
«La comparaison des deux équipes de France 1998 et 2010 indique clairement que la force de l’équipe championne du monde tenait aussi à la relative homogénéité de son recrutement social (des enfants issus des petites classes moyennes et des classes populaires) alors que celle du Mondial en Afrique du Sud apparaît beaucoup plus clivée socialement», précise le sociologue.
La question des joueurs binationaux
L’article de Mediapart met en exergue un troisième élément qui agite de manière récurrente le football français. Il s’agit des jeunes joueurs qui, formés dans des centres français, finissent par opter pour d’autres équipes nationales. Philippe Tournon, chef de presse de l’équipe de France et porte-parole du sélectionneur, s’en est expliqué dans les colonnes de L’Equipe.
«La seule chose que Laurent Blanc ait évoqué, c’est le problème de la formation, s’insurge-t-il. On se retrouve à former des jeunes qui ensuite vont jouer pour des sélections étrangères; c’est un problème, mais résumer cela à: "à la Fédération, on pense qu’il y a trop de noirs ou trop d’arabes", c’est n’importe quoi.»
Là aussi, on le voit, l’espace entre volonté rationnelle de défendre les intérêts de l’équipe de France et motivations ségrégationnistes est très mince. On peut aisément comprendre la colère du sélectionneur qui apprend que tel ou tel joueur —qui a souvent joué pour les espoirs français ou les moins de seize ans— a finalement décidé d’opter pour l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, le Sénégal ou la Côte d’Ivoire, pour ne citer que ces pays.
Le raisonnement de Laurent Blanc peut paraître simpliste, mais les motivations qui le sous-tendent sont facilement compréhensibles. Si on réduit le nombre de binationaux (des noirs et des arabes pour ce qui concerne le football) dans les centres de formation, on réduit mécaniquement les risques de fuite de ces talents. Sauf que l’affaire est plus compliquée que cela. Et, là aussi, la lecture du livre de Stéphane Beaud s’avère précieuse.
Dans un chapitre qui traite justement du retour des joueurs binationaux vers les équipes des pays d’origine, le sociologue montre que les raisons d’un tel mouvement sont multiples. Et, parmi elles, le sentiment d’attachement au pays du père ou du grand-père n’est peut-être pas le plus important.
Ainsi, si l’on prend le cas de l’équipe nationale algérienne —composée dans sa presque totalité d’enfants d’immigrés— la motivation est souvent liée au fait que le football français n’a pas donné leur chance à ces joueurs, ou que ces derniers s’estimaient négligés voire discriminés malgré leur talent. En somme, dans plusieurs cas, les centres français forment des joueurs d’origine maghrébine ou africaine qui ont par la suite du mal à s’imposer dans les grands clubs et en équipe de France, et cela pas uniquement pour des raisons sportives. N’est pas Zidane ou Nasri qui veut, et, dès lors, jouer pour l’équipe nationale du pays d’origine prend l’allure d’une compensation, mais aussi d’une revanche.
Mais en mettant cette question sur la table, Laurent Blanc a pris un risque. Dans la mesure où tous les joueurs formés dans les centres de formation de l’Hexagone ne seront pas sélectionnés en équipe de France, quel problème y a-t-il à voir certains d’entre eux aller offrir leurs services ailleurs? Cela contribue à renforcer les liens entre la France et le pays d’origine.
A titre d’exemple, les binationaux franco-algériens font bien plus pour le rapprochement entre la France et l’Algérie que les hommes politiques des deux pays. De plus, ce mouvement, qui profite parfois à la France comme l’a montré le cas Trezeguet (qui aurait très bien pu jouer pour l’équipe d’Argentine) peut aussi être considéré, écrit Stéphane Beaud, comme «une sorte de transfert intergénérationnel de compétences footballistiques (sur le modèle des transferts de technologie) au profit des pays du Sud qui ont alimenté en main-d’œuvre peu qualifiée» ceux du Nord. Et de citer les propos tenus par l’ancien sélectionneur algérien Rabah Saâdane dans L’Equipe magazine du 17 octobre 2009:
«Nous profitons d’enfants issus de l’immigration algérienne, produits de la formation française qui n’ont pas franchi le cap vers l’équipe de France. C’est un retour des choses assez amusant, vu que la France a profité de nos compatriotes partis travailler dans les usines et les chantiers dans les années 1950, 1960 et 1970.»
Une chose est sûre, cependant. Avec cette polémique, les feuilles de match du sélectionneur Laurent Blanc vont être scrutées à la loupe et les centres de formation vont devoir s’expliquer sur leurs critères de recrutement. Refuser la candidature d’un jeune adolescent d’origine maghrébine ou subsaharienne va devenir suspect, et c’est même la capacité intégratrice du football qui sera questionnée. Et de cela, il y a quelques risques que le football français ne sorte pas grandi, alors qu’il peine encore à retrouver son niveau des années 2000.
Akram Belkaïd (Slateafrique.com)
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Erick Ross
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Re: Soupçons de racisme dans le foot français
Effectivement Kembo. On oublie que la RDC ne se qualifie plus à rien depuis un moment et les mikilistes ont malheureusement grandi avec cette image de leur pays absent de toutes compétitions majeures, qui se fait éliminer par le Rwanda, le Malawi et la Namibie et avec des joueurs qui dorment à l'aéroport. Heureusement pour nous, Mazembe et les locaux ont redoré l'image du football congolais et nous ont donné du baume au coeur. Et on a la chance d'avoir dans le staff des gens de bonne volonté qui ont réussi à redonner cette fierté et l'envie aux expatriés qui ont un bon niveau de jouer pour le pays de leurs parents. Mais raconter à la population que certains mikilistes regrettent de ne pas avoir joué pour le Congo, ce sont des mensonges. Malgré le manque de sérieux de nos dirigeants et le manque à gagner par rapport aux sélections européennes, Lua Lua et d'autres ont fait ce ''sacrifice''. Aujourd'hui que les choses vont plus ou moins dans le bon sens, on continue à voir des mikilistes refuser la RDC. De toute façon, nous n'en souffrirons pas parce qu'on a déjà un pool de joueurs importants au pays et dans la diaspora.
Modifié en dernier par Erick Ross le 30 avr. 2011, 16:26, modifié 1 fois.
- kembo
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Re: Soupçons de racisme dans le foot français
Erick Ross a écrit :Effectivement Kembo. On oublie que la RDC ne se qualifie plus à rien depuis un moment et les mikilistes ont malheureusement grandi avec cette image de leur pays absent de toutes compétitions majeures, qui se fait éliminer par le Rwanda, le Malawi et la Namibie et avec des joueurs qui dorment à l'aéroport. Heureusement, Mazembe, les locaux ont redoré l'image du football congolais et on a dans le staff des gens de bonne volonté qui ont réussi à redonner cette fierté aux expatriés qui ont un bon niveau de jouer pour le pays de leurs parents. Mais vouloir mentir à la population que certains mikilistes regrettent de ne pas avoir joué pour le Congo, ce sont des mensonges. Malgré le manque de sérieux de nos dirigeants et le manque à gagner par rapport aux sélections européennes, Lua Lua et d'autres ont fait ce ''sacrifice''. Aujourd'hui que les choses vont plus ou moins dans le bon sens, on continue à voir des mikilistes refuser la RDC. De toute façon, la RDC n'en souffrira pas. On a déjà un pool de joueurs importants au pays et dans la diaspora.
Antoine Bell l'a dit "le parcour footbalistic de Leroy fut inconnu avant le Cameroun. On ne sait non plus ce qu'il est devenu apres le Cameroun"
Le Cameroun a donne un nom a Leroy et pas l'inverse
TOBOYI LOKUTA
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TOBOYI LOKUTA
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