Léopards»: les erreurs de Neveu
(SIKI NTETANI MBEMBA)
«De nouveaux joueurs devront être incorporés dans la ligne offensive. Je profiterai, après le match retour contre le Djibouti, des dates-FIFA pour les faire venir. Pour ce qui s’était passé au Caire, lors de la 1ère journée du groupe 12 des éliminatoires CAN-Mundial 2010, si cela était à refaire, je reconduirai la même équipe et procèderai aux mêmes changements. Certes, de petites erreurs d’enfants ont été commises, mais sur le plan défensif, rien à redire. J’assume mes choix. En plus, je ne peux pas aligner la même composition à tous les matches, chaque adversaire devant être abordé différemment».
C’est, en termes approchants, les propos tenus par Patrice Neveu, le sélectionneur principal de l’équipe nationale de football seniors, les «Léopards», au cours d’une émission sportive diffusée lundi sur une chaîne de télévision.
Il est clair maintenant que Trésor Mputu Mabi «Touré Mada» et Pitshou Matumona Zola «Rumm», les deux petits génies, avaient usé leurs culottes sur le banc du stade International du Caire, le dimanche 1er juin 2008, contre les «Pharaons» d’Egypte, vainqueurs par 1-2, de manière délibérée. Ce qui signifie également que le technicien français avait sorti Mputu, pour le remplacer par Yannick Bapupa (Gefle/Suède), à la 86ème minute du jeu, du match de la 2ème journée, contre les «Flammes» du Malawi, battus par 1-0, le dimanche 8 juin au stade des Martyrs, parce qu’il n’avait rien vu. Et si sa déclaration intervient après la démonstration de deux artistes au stade Hassan Gouled, il y a à peine 5 jours, face aux «Requins» de Djibouti, laminés par 6-0, dont 3 buts à leur actif, le pire est donc à venir.
Que Patrice Neveu ne donne surtout pas l’impression d’être de ceux qui disent que les joueurs dribbleurs amusent la galerie et, par conséquent, manquent de réalisme. Or, quand une équipe est pauvre en joueurs techniques, elle ne peut pas prétendre tenir tête à un adversaire cohérent et sachant surtout jouer au sol. Il en a pourtant été le cas devant les doubles champions d’Afrique, dans leur jardin, qu’on aurait certainement pu gêner, ce jour-là, si Mputu et Matumona avaient été lancés dans la bataille puisque les amis de Mohamed Shady faisaient tourner le ballon. Le contexte s’y prêtait visiblement.
Se satisfaire, en dépit de tout, de la prestation de la défense des «Léopards» d’abord au Caire où le latéral Rodrigue Dikaba (Beauvais/France) était inexistant surtout quand les Egyptiens avaient découvert qu’il constituait le point faible du dispositif congolais, suscite de nombreuses interrogations. Les mêmes failles du jeune homme avaient été entrevues face aux Malawites, une semaine après, à Kinshasa. Et que dire de sa doublure, Christophe Oualembo (Levante/Espagne), entré à la 63ème minute, qui lui est inférieur. Titularisé à Djibouti, celui-ci était constamment à la peine à son poste alors que les «Requins» djiboutiens ont une dentition de lait. Il a donné un net aperçu du bas niveau de l’épreuve dans laquelle il évolue. Le plus étonnant a été le glissement de Yussuf Mulumbu (Amiens/France) comme arrière de ligne à la sortie de celui-ci, Cedric Mongongu (Monaco/France) ayant été placé dans l’entrejeu.
Il est navrant, sur ce point, de constater que, dans cette fonction, des cracks comme Ebunga Simbi (Motema Pembe), Eric Nkulukuta Miala (Mazembe) ou Kasongo Kabiona (V.Club)
sont délaissés suite à des préjugés de mauvais aloi. Etre professionnel n’est qu’un statut, il ne confère nullement le talent. Sami André-Joël (Amiens/France) avait été à un moment préféré à Gladys Bokese (Motema Pembe) dans l’axe central. Malheureusement ou heureusement, c’est selon, Sami n’avait pas répondu à l’appel lui lancé. Alors qu’au poste de stopper, depuis quelques saisons, Bokese est incontestablement le meilleur de tous les Congolais, de l’intérieur comme de l’extérieur.
Il apparaît comme si l’on voulait se compliquer la vie dans la confection de l’équipe nationale qui n’est pourtant pas du tout difficile à monter. L’ossature montée fin 2004 existe avec le gardien Robert Kidiaba (Mazembe), Herita Ilunga (Toulouse/France), Bokese (Motema Pembe), Tiko Tshiolola Tshinyama (Mazembe puis Lokeren/Belgique), Dieudonné Mbayo Kibemba (Lokeren), Trésor Lualua Lomana (Newcastle puis Panathinaikos/Grèce), Chris Nonda Shabani (Monaco puis Galatasaray/Turquie) auxquels ont été ajoutés Matumona Zola (V.Club puis Brussels/Belgique), Trésor Mputu (Mazembe) sans oublier Dieudonné Mbokani Bezua (Standard/Belgique).
Dans ce groupe ne peut vraiment y être appelé qu’un élément d’exception et non des joueurs de CFA, 3ème division en France. Il est d’ailleurs patent qu’une équipe ambitieuse visant le cime ne se construit qu’avec des joueurs de grande valeur et son comportement est consolidé par un travail de qualité pour assurer la cohésion et la compétitivité en les maintenant le plus longtemps dans un environnement technique de choix.
La sonnette d’alarme est tirée pour simplement éviter que ce qu’à son époque, avait servi l’entraîneur anglais Michael Waldworth ne se répète pas.
Déjà à Kinshasa, après avoir assisté à une seule séance d’entraînement de l’équipe nationale, il avait clairement fait savoir qu’au regard de la mauvaise condition physique des joueurs, visionnés cet après-midi-là, il n’aurait à retenir au plus que 4 ou 5. Puis, il s’envola pour l’Europe. Il ne la retrouva qu’en Afrique du Sud où les sélectionnés avaient été emmenés en regroupement pour la préparation de la phase finale de la 24ème Coupe d’Afrique des Nations, prévue du 20 janvier au 10 février 2004 en Tunisie. Tout de suite, il pria Bashengezi (demi Bukavu Dawa), Landu (stopper Lupopo) et Mabundu (attaquant Angola) de rentrer au pays. Le mercredi 17 décembre 2003, il remballa Pascal Kalemba (gardien V.Club), Alain Kizamba Muanamputu (gardien Motema Pembe), Kabongo (ailier Kabasha) Matumona Zola Rumm (Lupopo), Félicien Kabundi Tshiamalenge (stopper V.Club) et Beligo Brazzo (avant-centre V.Club). A l’étape égyptienne, en route pour Tunis, il se débarrassa de Bageta Dikilu (Mazembe), Mbala Lide (arrière Angola), Ilongo Ngasanya (Motema Pembe) et Mazowa Nsumbu (V.Club). Qui deviendront quasiment en grande partie des cadres de la même Nationale congolaise.
De 30 unités au début de la présélection opérée par son adjoint Andy Mfutila, il en élagua systématiquement au point de ne garder que 5 locaux dont Mbala Mbuta Biscotte qu’il n’utilisa, peut-être à contrecœur, que lors de la 3ème et dernière journée du groupe, contre le Rwanda, vainqueur par 0-1. Les autres résultats de la campagne tunisienne: 1-2 en faveur du «Sily National» de la Guinée et 0-3 au profit des «Aigles du Carthage». Michael Waldworth avait rempli son «onze» des joueurs émigrés sans envergure et surtout sans compétition dans les jambes, à l’image du gros stopper Kamudimba
Le choix de l’effectif et la manière d’évoluer relèvent exclusivement du staff technique. Mais, le devoir exige de dénoncer la manie qui consiste à faire appel à des joueurs pas du tout compétitifs et sans talent réel dans le but de promouvoir des joueurs émigrés au détriment des objectifs affichés. N’en déplaise à ceux qui, par vénalité, entretiennent certains réseaux.
2008-06-18
