FOOTBALL Sélection congolaise : Otis N’Goma clarifie sa position
À moins que la Fédération congolaise de football n’accepte de revoir ses ambitions à la baisse, l’entraîneur cambrésien Otis N’Goma ne devrait vraisemblablement pas être le prochain sélectionneur de la République Démocratique du Congo (RDC). Explications.
PAR FABRICE BOURGIS
cambrai@lavoixdunord.fr PHOTO : EMMANUEL TAQUET Lorsqu’il accepta de prendre les rênes de l’équipe nationale congolaise, le 5 février à Marbella (Espagne), l’entraîneur de l’ACC, Otis N’Goma, ne s’était fixé « aucun objectif » concernant la suite à donner à cette première. « Simplement, dans le rapport que j’ai ensuite dû envoyer à la Fédération, j’avais juste indiqué que je restais à leur entière disposition. » Au cas où.
Or depuis cette fameuse prestation des Léopards contre les Bleus prime de Domenech (0-0), il semble qu’au Congo, et du côté de la diaspora congolaise en Europe, la côte du coach nordiste ait pris du galon. À tel point que son nom en est très vite arrivé à circuler dans les couloirs de la Fédération, à Kinshasa. « C’est vrai, confirme N’Goma, et j’apprécie d’ailleurs cette confiance qui m’est accordée par certains1 . » Mais voilà. De là à croire, comme ils ont été nombreux à le lui avoir laissé entendre par téléphone, qu’il était l’homme capable de qualifier la RDC pour la prochaine Coupe du Monde, « ça fait plaisir à entendre » avoue-t-il « Mais je ne suis pas un magicien », précise-t-il dans la foulée. « Personnellement, je suis convaincu que cette qualification va se jouer sur des détails dans la préparation. Or chez nous, il y a encore plusieurs zones d’ombre à clarifier… » À commencer par la nomination de ce fameux poste de sélectionneur, toujours pas effective alors que l’ombre de l’Égypte, championne d’Afrique en titre, se profile déjà². Mais aussi avec ce problème des frais de mission suite au match à Marbella, que les joueurs n’auraient toujours pas perçus. Et ce, sans compter les tâches qui incombent à tout staff chargé de qualifier son équipe pour un Mondial. C’est-à-dire superviser les joueurs, entretenir des liens avec eux, les préparer, etc.
Bref, « ambitieux » mais surtout très « réaliste », Otis N’Goma s’est donc positionné sur son avenir avec la RD Congo. « Pour construire une vraie équipe, il faut bénéficier de conditions de travail idéales. Or actuellement, la tendance ne plaide pas en cette faveur (…) et il faut donc savoir dire non. Relevé un tel défi en si peu de temps et avec une équipe qui, en plus, va devoir être renouvelée, je trouve que ça ressemble un peu à un cadeau empoisonné. Mais maintenant, si les ambitions sont revues à la baisse et qu’on me dit qu’il faut préparer une équipe pour gagner la CAN 2012, alors là oui, je suis d’accord. » Vu le programme qui attend l’équipe nationale congolaise ces prochaines semaines – « Avec un match tous les quinze jours lors des éliminatoires jumelés Coupe du Monde - Coupe d’Afrique des Nations » – Otis N’Goma, en clarifiant sa position, ne tire toutefois pas un trait définitif avec la sélection. Au contraire. « S’ils souhaitent que je travaille avec Patrice Neveu³, pour essayer d’aller chercher cette qualification pour la Coupe du Monde 2010, dit-il, ça ne me dérange pas. Car la responsabilité des résultats ne m’incomberait pas… » •
1 Parmi ces soutiens figurerait M. Kamango, représentant de la Fédération congolaise, zone Europe.
² Ce match d’ouverture des éliminatoires, face au champion d’Afrique, est prévu le 29 mai.
³ Ex-coéquipier de Philippe Troussier à Angoulême, Patrice Neveu a déjà pris en charge le Niger et la Guinée.