Otis N'Goma : « La manière dont le maire a agi est disproportionnée »
mardi 27.01.2009, 04:50 - La Voix du Nord
Le sort d'Otis N'Goma à la tête de l'équipe fanion de l'ACC devait être fixé hier soir. | FOOTBALL |
L'intervention du maire, François-Xavier Villain, ne l'a pas laissé insensible. Et après mûre réflexion, l'entraîneur de l'ACC, Otis N'Goma, a fini par accepter de nous livrer ses impressions, hier quelques heures avant que son sort soit débattu par le comité directeur de l'ACC. Et ce, sans esprit de polémique, mais juste avec l'envie de dire ce qu'il avait sur le coeur.
> Otis N'Goma, comment avez-vous ressenti l'intervention surprise du maire ?
« Je n'ai pas envie de polémiquer. Simplement, j'adresse à monsieur le maire mes voeux les plus sincères, ainsi que de respectueux souvenirs. Car le mot qu'il a employé à mon égard, celui de "fatalisme", c'est un truc qu'il ne fallait pas dire à une personne qui, il y a deux ans, héritait d'un Martin-Martine d'Or ! À moins que cette cérémonie ne soit que foutaise... Sinon, pour en revenir à votre question, c'est avec un malin plaisir que j'ai lu les lignes de monsieur le maire, même si je déplore quelques réflexions humiliantes et vexatoires, qui m'ont touchées. Cette conférence de presse n'avait aucune forme humaine, ni sur le fond, ni sur la forme. Ça n'était que du prosélytisme politique. » > Ressentez-vous une pression supplémentaire aujourd'hui ?
« Pas du tout. Franchement, j'ose croire que monsieur le maire doit avoir une très bonne raison pour avoir agi de la sorte. Ceci dit, je veux quand même lui dire que je n'ai pas changé, que je veux toujours la performance du club ! Et que je ne suis pas fataliste mais réaliste et donc surtout pas démagogue. » > Avez-vous pensé à démissionner ?
« Non. Mais avant d'aller plus loin, et parce que je sais que mes propos vont surprendre mon président à son réveil demain matin (ce matin, ndlr), je veux lui présenter mes excuses. Mais bon, le fait de le prévenir que j'allais répondre à vos questions aurait provoqué un refus catégorique de sa part. Or, répondre au lendemain de la réunion du comité directeur (elle avait lieu hier soir, ndlr ), ça aurait été pour moi comme subir une perte d'influence. Alors je suis désolé pour monsieur Prévost, mais en même temps, s'il m'a choisi il y a cinq ans, c'est aussi pour cette force de caractère qui est la mienne. Et ça prouve également, et contrairement aux rumeurs qui peuvent se répandre dans le Cambrésis, qu'on ne vit pas sous un régime dictatorial au club. On peut librement s'y exprimer, à partir du moment où on ne ternit ni son image ni celle de la ville. Et aujourd'hui, je réponds juste à un monsieur qui me traite de fataliste sans me connaître. » > La situation de votre équipe est quand même très inquiétante, non ?
« Je n'esquive pas nos mauvais résultats. Mais je ne vois pas pour autant l'intérêt d'avoir organisé une conférence de presse. J'aurais plutôt préféré que le maire me convoque, qu'on en discute. Et puis pourquoi avoir attendu si longtemps ? J'ai lu que Cambrai devait retrouver le niveau national. Or, depuis cinq ans que je suis ici, je n'ai jamais vu une volonté de projet sportif ! En revanche, ça fait cinq ans que je suis au club et j'ai connu cinq ans de déstabilisation ! » > C'est-à-dire ?
« Lors de ma première année à Cambrai, par exemple, alors que nous étions à la lutte pour l'accession en CFA, ses proches ont commencé à dire que l'entraîneur souhaitait faire de l'ACC une équipe cosmopolite au détriment des jeunes du club. Or, c'est avec cette équipe-là que nous avons eu des résultats, non ? Beaucoup de joueurs passés par chez nous évoluent d'ailleurs à de très bons niveaux aujourd'hui. Je pense aux Bétrémieux, Akouzar, Chevallier, Bouaka, etc. En revanche, que sont devenus les joueurs du club qui sont partis ? Pour la plupart, ils jouent en DHR ou en PH. N'est-ce pas la preuve que j'avais raison ? Et maintenant qu'on fait jouer des jeunes du club, en plus, on nous reproche nos résultats ! Mais on ne peut pas mettre au monde un bébé et lui demander de marcher dans la foulée ! » > Pensez-vous que votre équipe peut encore se sauver ?
« Avec ou sans moi, l'équipe peut se sauver. Et le maire doit bien comprendre une chose, c'est qu'actuellement, je suis sur un lit d'hôpital et que tôt ou tard, je finirai par quitter ce lit. Soit je serai guéri, sois je serai mort. Mais je partirai car je ne suis pas lié à vie avec l'ACC. Or, quand ça ne va pas, il n'y a pas à polémiquer. La manière dont il a agi est disproportionnée. » > Que voulez-vous dire ?
« Aujourd'hui, je ne peux pas m'empêcher de croire que le maire veut changer l'entraîneur pour répondre à un retour sur investissement. Mais il ne fallait pas qu'il s'y prenne de cette façon là. Pour vivre heureux, vivons caché ! L'ACC, c'est comme au PSG ou à Marseille : il y a toujours des problèmes ! Or les grands clubs ne meurent jamais et l'ACC est un de ces clubs qui pourrait très vite repartir de l'avant. Simplement, il faut faire un diagnostic pour comprendre la maladie et y apporter un remède. » > Et quel est votre diagnostic ?
« On a d'abord un problème financier. Mais s'il y avait une vraie volonté du maire pour aider le club, des sponsors viendraient nous rejoindre, c'est certain. En attendant, ils continueront de donner à d'autres parce que le président est là. Or, ces investisseurs, ce sont des proches des élus de la Ville qui font tout pour empêcher de donner des moyens au club. » • FABRICE BOURGIS
Otis Ngoma répond au maire
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